Après deux jours de mission dans le nord du pays, le coordonnateur du système des Nations Unies en RCA lance un SOS : « il y a une véritable crise humanitaire…il faut accorder la priorité à ce pays »
Dans un communiqué publié vendredi 31 août 2012, les services du Coordonnateur Résident et Humanitaire des agences du système des Nations Unies expliquent que M. Modibo Ibrahim Touré s’est rendu à Ndélé dans la préfecture du Bamingui-Bangoran et à Manou dans la préfecture de la Vakaga au Nord-Est de la République Centrafricaine et a fait un constat accablant : « il y a aujourd’hui une véritable crise humanitaire silencieuse en Centrafrique ».
L’officiel onusien fonde son affirmation sur les informations recueillies auprès des autorités administratives locales, des acteurs humanitaires opérant dans ces localités, des communautés locales et sur la réalité observée sur le terrain. Il insiste : « La Centrafrique n’a pas la chance de faire partie de la liste des pays prioritaires et bénéficiaires de l’aide humanitaire ».
Le communiqué rappelle qu’en juin dernier, le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur la situation de la Vakaga et d’autres localités du Nord-Est de la RCA dont l’accès avait longtemps été entravé par des conflits armés récurrents, cause de déplacement de près de 10.000 personnes. Une évaluation rapide conduite par des organisations non-gouvernementales nationales et internationales avait révélé que près de 45.000 personnes étaient confrontées à une crise alimentaire aigüe qui nécessitait une assistance immédiate notamment dans les localités de Gordil, Mélé, Ndiffa, Sikikédé et Tiringoulou situées dans l’ouest de la Vakaga.
Par ailleurs, un dépistage réalisé en mai 2012 par International Medical Corps (IMC) sur 1.332 enfants à Sikikédé (30% des enfants du village) avait fait ressortir que 21% d’entre eux souffraient de malnutrition aigüe globale. 7% d’entre eux souffraient de malnutrition aigüe sévère, ce qui représente trois fois le seuil d’urgence standard estimé à 2%. Pour ne rien arranger, une épidémie de rougeole s’est déclarée parmi les jeunes enfants.
A la faveur de cet appel, près de 2 millions de dollars américains avaient pu être mobilisés en juillet pour porter assistance à près de 32.000 personnes affectées par les conflits et la malnutrition. Ce montant devait couvrir, sur une période de trois mois environ, des besoins dans les secteurs de la santé, de l’assistance alimentaire et de la nutrition. Dans ce cadre, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) met en œuvre depuis le 21 août dernier, en partenariat avec l’ONG internationale Triangle Génération Humanitaire et l’ONG nationale NDA, un projet d’Assistance alimentaire d’urgence aux populations vulnérables dans l’Ouest de la préfecture de la Vakaga qui devrait toucher 11.000 déplacés internes et habitants de cette localité. Pourtant, au regard de la réalité constatée sur le terrain, Modibo Ibrahim Touré reste catégorique : « Les moyens disponibles sont largement en deçà des besoins des 35 à 40.000 personnes nécessiteuses ».
Seuls signes encourageants relevés par Modibo Ibrahim Touré dans cette situation, « la dignité, le calme et l’esprit d’organisation » dont font montre les populations affectées en dépit du dénuement, « l’engagement méritoire » de tous des acteurs humanitaires qui œuvrent dans des conditions difficiles et le manque de moyens pour atténuer la souffrance des populations et contribuer à sauver des vies, et enfin la « franche collaboration et la volonté » du gouvernement centrafricain dans la facilitation du travail des humanitaires. « Nous exhortons les donateurs à faire plus et à accorder la priorité à ce pays dont les besoins sont immenses », a-t-il conclu.