Le nouveau maître de Bangui Michel Dotodja vient de faire ce 29 mars 2013, sa première apparition publique à la Mosquée centrale située dans le 3ème arrondissement de la capitale. Cette occasion a permis au leader des rebelles de la coalition Séléka de prendre part à la prière du vendredi en présence d’une immense foule des fidèles venus pour la circonstance.
Les reporters de Radio Ndeke Luka ont remarqué un important dispositif militaire dans cet arrondissement dominé par des opérateurs économiques de tous bords.
Le nouveau Chef d’Etat entend à travers cette sortie publique lancer un message de paix dans un pays en proie à de violentes crises militaro-politiques. Il s’est cependant abstenu de toute déclaration politique. « La maison de Dieu n’est pas un lieu indiquée pour parler de la politique. J’ai peur de faire de la politique à la mosquée pour ne pas mentir », a signifié Michel Djotodia arrivé au pouvoir par le coup de force il y’a 6 jours.
De son côté, dans une interview accordée à Radio Ndeke Luka, l’Archevêque de Bangui Mgr Dieudonné Nzapalaïnga, s’est exprimé en ces termes : « je lance un vibrant appel à tous ceux qui sont épris de l’esprit de démocratie, de respecter l’autrui, le respecter et surtout de ne pas oser tuer un Homme, car un être humain vient de Dieu et nous avons le droit de respecter la vie humaine sinon, on vous demandera des comptes au dernier jour. Il en est de même pour tous ceux qui continuent de piller, de détruire les biens des autres ».
Le prélat appelle également les nouvelles autorités du pays à respecter la laïcité de l’Etat centrafricain en respectant les limites entre politique et religion :
« Pas de confusion, pas d’amalgame en ce qui concerne la gestion de ce pays , ce pays est un pays laïc, tout ce qui est religieux, nous pouvons les gérer en privé, les gérer en dehors de la partie Etat, voilà pourquoi je demande à ce que cela soit dit haut et fort que ce pays est un pays laïc et que nous devons privilégier les lois qui sont républicaines ».
L’appel du retour à la paix en République centrafricaine a été également lancé dans les rangs de la Société civile. « Les derniers événements survenus dans le pays ont une fois de plus amplifié la dégradation des droits humains ». C’est ce qu’a fait savoir Fulgence ZENETH, SG de l’Observatoire centrafricain des Droits de l’Homme, OCDH. Il considère les multiples scènes de pillages et de destructions des biens pendant ce coup de force de Séléka comme une violation des droits de l’homme.
« Avant et pendant cette période, il ya eu des violations des Droits humains qui sont incontestables et incontestées. Les plus flagrantes que nous pouvons citer sont les destructions des biens, les pillages, les violences de tout genre tel que le manque d’accès à la santé, à l’éducation et à la communication. Tout cela constitue les plus flagrantes violations de droits qu’on peut énumérer aujourd’hui »
S’agissant de la marche de soutien au nouveau pouvoir de Bangui prévue demain dans la capitale, Fulgence ZENETH, affirme qu’il n’en est pas question. Il qualifie cette organisation de dissimulation et appelle le centrafricain à adopter un comportement raisonnable pour son devenir.
« La population et les autorités doivent être vigilantes pour que les cas de transhumance qui marque et empoisonne la vie de notre pays cessent immédiatement. Les faux soutiens ne sont pas des soutiens de toujours. Ces appels à des marches ne sont pas des solutions aux problèmes des centrafricains. Leurs problèmes aujourd’hui sont : aller à l’école, communiquer librement avec l’arrière pays, la question du respect des lois, la question de la lutte implacable contre l’impunité, voilà les vrais problèmes des centrafricains».