La population de Bossangoa dans l’Ouham, au nord-ouest de la République Centrafricaine s’est une fois de plus réveillée ce mardi sous les crépitements des armes lourdes. Ce regain de tension a plongé les habitants de cette localité dans une nouvelle psychose. Ce mardi, environ dix neuf mille (19.000) personnes ont fui leur domicile pour se refugier à l’Evêché de l’église catholique de la ville.
Selon le vicaire général de l’église catholique de Bossangoa, l’Abbé Frédéric Tonfio, les coups de feu sont entendus dans les quartiers périphériques de la ville. Déjà le nombre des personnes qui ont trouvé refuge dans l’enceinte de l’église a atteint plus de dix huit (18000) personnes.
« Les gens ont accouru de tous côtés pour se protéger à l’Evêché de l’église catholique. Nous accueillons les gens sans assistance qui se débrouillent. Avec l’Evêque, nous avons négocié avec la FOMAC pour la sécurisation de ces refugiés et mettre en place une plateforme. Il est donc question d’aller sur le terrain, essayer de mettre les gens en confiance et enlever les barrières pour assurer la libre circulation de la population ».
Ella, une habitante de Bossangoa dénonce la manière dans laquelle vivent les enfants. Elle appelle le pouvoir de Bangui de leur venir en aide.
« Les enfants n’ont pas d’abri, ils sont exposés au froid et aux piqures des moustiques. Ils tombent souvent en hypoglycémie ; sommes obliger de les réanimer avec de l’eau et du sucre. Nous vivons une situation dramatique qui pourrait s’empirer ».
Le système éducatif dans la zone risquerait de prendre un coup. La reprise des activités pédagogiques à Bossangoa est compromise par les évènements de ce mardi. Daniel Sérémandji, l’Inspecteur d’Académie du nord, assure que malgré la détermination des enseignants, on ne peut plus créer l’impossible.
« Je suis arrivé à Bossangoa avant le déroulement des examens du brevet des collèges (BC) et du baccalauréat (BAC) de l’année en cours. Les examens se sont déroulés dans de bonnes conditions. Mais sincèrement, tout est détérioré à partir de ce moment. Malgré ma détermination, c’est impossible que les choses puissent reprendre ».
Il y a deux semaines déjà, Bossangoa et Bouca dans l’Ouham ont fait l’objet d’une attaque armée. Une soixantaine de personnes parmi lesquelles quatre (4) hommes dans le rang des forces de défense nationale auraient été tuées suite à la progression de ce groupe armé. Deux humanitaires centrafricains œuvrant dans le cadre de l’ONG ACTED dans la région ont été tués. La Coordonnatrice de l’action humanitaire de l’ONU en République Centrafricaine, Kaarina Immonen, s’est rendue jeudi dans cette ville avec une équipe de l’Organisation des Nations Unies. « Nous avons constaté sur place en fait qu’il s’agit d’une ville qui a été totalement dévastée » a-t-elle martelé.
A Bangui, la présidence de la République réagit face aux rumeurs qui circulent actuellement dans la ville. Ces rumeurs font état d’une infiltration. Le président de la transition a lancé un appel au calme à l’endroit des centrafricains. Michel Djotodia demande aux centrafricains de ne pas céder à la panique.
La porte parole de la présidence de la République, Guy Simplice Kodégué, a fait savoir au nom du chef de l’Etat, que depuis quelques jours, certaines personnes répandent au sein de la population des allégations mensongères et des fausses rumeurs, de nature à compromettre le processus de paix en cours en Centrafrique. Monsieur Kodégué demande à chaque centrafricain de n’accorder aucun crédit aux différentes rumeurs. Il met en garde les auteurs de ces fausses rumeurs.
« Le parquet de Bangui a été saisi et le procureur va diligenter une enquête pour donner une suite judiciaire à ces actes… Si par mégarde, quelqu’un s’hasarderait à distiller ces informations, que les autorités judiciaires soient saisies… Il n’y aura pas de renversement des institutions de la transition » a-t-il déclaré.