La situation humanitaire reste dégradée dans le nord-ouest de la République Centrafricaine (RCA). Les populations sont abandonnées à leur triste sort. La majorité des villages de la région se sont vidées de leurs habitants et sont contrôlées par des jeunes villageois armés.
Le reporter de Radio Ndeke Luka qui a accompagné une mission gouvernementale et du Conseil National de transition explique : « Sur l’axe Bossembélé-Bossangoa, c’est le chaos et la désolation dans tous les villages situés le long de ce tronçon. Après plusieurs kilomètres, le constat est alarmant ; des maisons incendiées, des cases saccagées, des fauteuils, marmites et autres effets abandonnés à ciel ouvert. Aucun habitant n’est visible. Les animaux domestiques à l’exemple des chèvres, cabris, porcs ou chiens traînent dans les cours ». La psychose des violences a fait fuir toute la population en brousse comme le souligne Madame Clotilde NAMBOÏ, préfète de l’Ouham.
« Vous avez vu qu’il n’y a personne dans les villages. Toute la population a encore la psychose et tout au long de l’axe jusqu’à Bossangoa elle s’est refugiée dans les champs ».
Le reporter poursuit que « La situation est totalement confuse. La quasi-totalité des villages est sous contrôle des jeunes villageois constitués en groupe d’auto-défense, armés de gourdins, de machettes et des armes de fabrication artisanale, prêts à toute éventualité. Leur cible, les éléments en uniformes de l’ex-rébellion Séléka qui sèment la terreur dans la région ». L’un de ces jeunes, interrogé par RNL, affirme qu’ils sont contraints de garantir leur propre sécurité ainsi que celle de tout le village.
« Comment ne pas réagir face à votre enfant qui est torturé au point de lui donner la mort. C’est la raison de notre révolte. Nous ne sommes nullement les partisans de Bozizé et nous n’avons même pas les moyens de le ramener au pouvoir. Nos mamans ont beaucoup souffert. Nous ne vivons pas en paix dans nos villages. Nous avons pensé que les Séléka étaient venus nous libérer, mais c’est le contraire. Ils brûlent nos maisons, tuent nos parents et passent tout le monde à tabac. Nous sommes obligés de prendre nos armes de fabrication artisanale pour nous défendre ».
Pour le moment, ce tronçon reste une véritable jungle où la loi du plus fort règne. Les nouvelles autorités centrafricaines ont du fil à retordre pour calmer la colère des révoltés.
Six (6) mois après la prise de pouvoir par la Séléka, l’administration de l’Etat peine à reprendre dans cette ville. Aucune structure n’est opérationnelle. Tous les bâtiments administratifs publics et privés ont été pillés, saccagés et transformés en des lieux d’habitation des combattants de l’ex-coalition Séléka. Une situation qui entrave l’instauration de l’autorité de l’Etat dans la région.
A Bossangoa, en plus de l’absence de l’autorité de l’Etat, la situation humanitaire est tout de même catastrophique. Les violences ont fait plus de trente six mille (36 000) déplacés à l’Evêché et près de deux mille (2 000) à l’Ecole Liberté A. Ces personnes manquent d’eau potable, des médicaments et de nourriture.
Les évènements de Bossangoa ont également eu des répercussions sur les éleveurs Peulhs du village Korom Mpoko. Leur campement, situé à 22 Km du village, a été attaqué dans la foulée des évènements de Bossangoa, mais l’identité des assaillants n’est pas connue. Difficile de savoir avec exactitude s’il y a eu des victimes.
« Le campement a été attaqué par des tirs d’armes de guerre » a fait savoir un des déplacés. La même source indique que « certains de nos frères sont introuvables, les troupeaux en débandade et les cases vidées ». Ils sont en majorité des femmes et des enfants, qui ont marché à pied sur des kilomètres sans avoir mangé. Ils sont accueillis au siège de la Fédération Nationale des Eleveurs de Centrafrique (FNEC) de Yaloké. Ces déplacés sont sans draps ni couvertures. Ils sont confrontés à un problème de prise en charge psycho-sociale et médicale. Les autorités administratives et locales se concertent encore pour savoir ce qu’il y a lieu de faire en attendant une aide humanitaire.
Cependant à Bouar dans la Nana Mambéré (ouest), l’Eglise Catholique Notre Dame de Fatima a été pris pour cible par des hommes armés non identifiés. Joint au téléphone, certains habitants ont rapporté que dans la nuit du Vendredi au Samedi, des hommes armés ont fait irruption au sein de cette Eglise. Après des tirs de sommation, ils ont défoncé les portes du presbytère pour emporter trois (3) ordinateurs, deux (2) disques externes de grande capacité, quatre (4) appareils photos, trois (3) téléphones portables et une somme de trois (3) millions de francs CFA. Selon les sources, les malfrats ont ligoté la sentinelle et les deux prêtres avant de commettre leur forfait.
Une enquête est ouverte par le Général Souleymane Saïd, commandant le Centre d’Instruction Militaire de Bouar, pour retrouver les braqueurs.