Bangui : la magistrature endeuillée par la Séléka

Bangui : la magistrature endeuillée par la Séléka

La tension est montée ce dimanche matin au niveau du rond point Sica/Benz-vi dans le 2ème arrondissement de la capitale. Une foule en colère proteste contre l’assassinat du magistrat Modeste Martineau Bria, ancien Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Bangui, et Directeur général des services judiciaires. Le magistrat Bria a été abattu ce samedi, selon les renseignements, par des malfrats assimilés aux éléments de l’ex-coalition rebelle Séléka aux environs de 19 heures en face du bar Le Cointreau à Sica 2, pour des raisons qui demeurent jusque là floues. Une autre personne, qui a voulu lui porter secours a également été tuée.
La population a barricadé la voie publique au niveau de l’intersection des avenues de France et Benz-vi. Les manifestants ont brûlé des pneus et autres objets inflammables. Les forces de l’ordre à savoir la gendarmerie et la police ont été déployées sur les lieux pour calmer la situation. Elles ont été appuyées par la force multinationale d’Afrique centrale, FOMAC. Certains éléments de l’ex-coalition rebelle Séléka sont également intervenus. Face à la résistance des manifestants, ces derniers ont tiré à balle réelle, faisant deux blessés parmi les civils, hostiles à tout dialogue.
Les commerces notamment, les débits de boissons, boutiques, restaurants du secteur sont restés fermés. Toutes les activités sont quasi paralysées dans cette partie de la capitale. Les mécontents affirment à RNL être dépassés par les exactions de ces derniers jours. « L’insécurité règne dans toute la ville de Bangui. Nous demandons aux autorités de la transition de tout mettre en œuvre pour garantir la sécurité des citoyens centrafricains et autres qui résident sur le territoire. Pour l’heure, nous en avons assez. Nous demandons à l’opinion internationale d’intervenir et même à la Cour pénale internationale de veiller à ouvrir une enquête sur les graves crimes commis en Centrafrique, et de poursuivre les auteurs ».
L’actuel Procureur de la République, Ghislain Grésénguet, les directeurs généraux de la gendarmerie et de la police étaient présents sur les lieux, avant l’arrivée de la FOMAC. Alain Victoire Nabeza, Directeur général de la Police Nationale, appelle les manifestants au calme. « On comprend la colère de la population, mais ce n’est pas ça la solution. Je demande à la population de se calmer. Déjà cette nuit, les auteurs sont interpellés, et la justice s’est saisie de l’affaire et se prononcera. Il ne sert à rien de brûler des pneus et de barricader la voie. Que chacun se préoccupe de ses occupations quotidiennes » leur a-t-il expliqué.
Jusque dans l’après midi aux environs de 14 heures, heure de Bangui, la situation est toujours restée tendue. Les manifestants ont refusé de quitter leur position. Les forces de la FOMAC, la gendarmerie et la police ont aussi maintenu leur disposition pour prévenir tout éventuel débordement.
Un habitant du quartier qui a requit l’anonymat revient sur les faits au micro de RNL, « L’acte s’est produit au croisement Sica 2/Benz-vi. Deux hommes armés sur une moto, dont l’un en uniforme et l’autre en tenue civile se sont approchés de la victime pour lui parler ; lorsqu’il a voulu répondre, l’un d’eux lui a tiré une balle dans la poitrine, balle qui l’a projeté à terre agonisant. Juste après, ils ont parlé en arabe. Pendant ce temps, la femme qui était en compagnie de la victime s’est mise à pleurer. L’assassin lui a répondu que quelqu’un qui est décédé est décédé. Ils ont ensuite repris la moto en tirant en l’air pour disperser ceux qui voulaient porter secours à la victime ».
Les trois hommes suspects, présentés comme étant les auteurs de ce crime crapuleux, ont été sommairement exécutés au domicile familial de la victime par des responsables de l’ex-Séléka. Pour la famille, seule la justice pourra apporter la lumière sur cette affaire, et que l’assassinat des trois présumés auteurs ne justifie en rien le décès de leur parent.
Les autorités centrafricaines viennent de réagir à la montée de violence à Bangui. Dans un communiqué de presse publié ce dimanche après midi par le Ministre de la sécurité publique, le Ministre Josué Binoua regrette que  « certaines personnes en armes continuent de semer la panique et la désolation par des actes de braquage de véhicules, de pillages et d’assassinat ».
« Le Gouvernement a déploré le braquage d’un ressortissant français travaillant au projet ECOFAUNE pour lui ravir son véhicule, l’assassinat d’un élément des FACA au quartier Miskine et, l’assassinat samedi soir du Magistrat, Directeur Général des services judiciaires Modeste Martineau Bria suite à une tentative de braquage de son véhicule de fonction », poursuit le communiqué.
« Le Gouvernement rappelle que plus que jamais, les auteurs de tels agissements, d’où qu’ils viennent seront traqués jusqu’à leur dernier retranchement. La sécurité doit être rétablie sur tous les moyens », conclut le communiqué.