L’explosion d’une grenade ce lundi aux environs de 19 heures a fait un mort et deux blessés. L’incident s’est produit dans une concession située en face de la maison du 2ème Substitut du Procureur de la République au quartier Benz-vi dans le 5ème arrondissement de Bangui.
Deux des victimes, notamment le défunt et l’un des blessés, sont des éléments du général Hamza Ibrahim de l’ex-coalition Séléka en poste chez le magistrat. Le blessé reçoit des soins dans un hôpital de la place et attend de subir une intervention chirurgicale dans les prochaines heures. La troisième victime atteinte au front par les éclats de cette grenade, est le propriétaire de la maison visée par ces hommes armés encore non identifiés. Elle nous explique les circonstances de cet incident meurtrier : « A mon retour du travail, les éléments de la sécurité en poste chez le magistrat sont venus chez moi. Le temps de m’installer avec eux, quelque chose m’a atteint au front. C’est après qu’on me dira que c’était une grenade qui a explosé. Les voisines m’ont conduit à l’hôpital. Je demande aux autorités de ramener la sécurité. Nous ne savons plus où aller ».
L’un des éléments du général interrogé sur les lieux du drame et qui a requis l’anonymat, déplore cet acte de barbarie, « L’un de nos éléments est mort des suites de l’acte qui s’est produit et l’autre reçoit des soins à l’hôpital. Que la justice fasse sont travail ».
Pendant ce temps, les réactions continuent d’être enregistrées au sujet du décès du magistrat Modeste Martineau Bria samedi dernier à Bangui.
Le gouvernement qualifie d’odieux l’assassinat de ce haut magistrat et promet de tout mettre en œuvre pour que justice soit faite. Gaston Mackouzangba, ministre de la Fonction Publique et porte parole du gouvernement a déclaré, « Ce qui se passe dans notre pays est très grave. Le Premier ministre, en visite de travail à Istanbul en Turquie, est préoccupé par l’aggravation de la situation. Il compatit avec la famille éprouvée du magistrat Modeste Bria, abattu lâchement et de manière odieuse. Un gouvernement responsable et républicain ne peut pas tolérer ce genre d’exaction, cette montée en puissance de la violence. Nous n’avons jamais connu cela dans notre pays, il faut l’arrêter ».
Gaston Mackouzangba demande par ailleurs aux centrafricains de s’unir afin de mettre fin à ce regain de violence que le pays n’a jamais connu. « Qu’on laisse nos querelles politiciennes et partisanes. Qu’on fasse une union autour des autorités de la transition, du gouvernement, pour mettre hors d’état de nuire ceux qui sont responsables de ces crimes lâches, odieux, abominables et inadmissibles. Pourquoi les centrafricains ne se mobiliseraient-ils pas dans la non violence pour éradiquer ce fléau qui est en train de s’installer dans la maison centrafricaine ».
La réaction du porte parole intervient deux jours après celle de Josué Binoua, ministre de la Sécurité Publique au lendemain des assassinats du magistrat Modeste Martineau Bria survenu samedi 16 novembre et de Rodrigue Loulou, Caporal-chef dans le rang des Forces Armées Centrafricaines (FACA), le vendredi 15 novembre par des hommes armés encore non identifiés.
Les magistrats, greffiers, avocats ont décidé d’un arrêt de travail d’une durée de un mois à compter du 18 Novembre 2013. Ils projettent de déposer des gerbes de fleur à l’endroit où le magistrat a été abattu et d’organiser, par la même occasion, une marche pacifique le vendredi 22 novembre 2013. Ces décisions ont été prises lundi au cours d’une Assemblée Générale Extraordinaire tenue à huis clos au Tribunal de Grande Instance de Bangui.
Il faut dire que la machine judicaire ne devra souffrir d’aucune paralysie. Le parquet est alors épargné de cette décision d’arrêt de travail comme le précise Yves Kokoyo, « le parquet ne sera pas concerné. Il faudrait que le Procureur de la République et tous ses Substituts soient sur le terrain dans cette affaire pour que nous sachions la vérité. Lors de notre Assemblée générale, la famille judiciaire est unanime pour dire qu’il faut laisser le parquet travailler et si le parquet saisi les juges d’instruction d’une information judiciaire, les juges doivent revenir faire le travail pour que la vérité éclate ».
La situation sécuritaire reste préoccupante à Bangui, il ne se passe pas un jour sans qu’on ne puisse parler d’assassinat, d’enlèvement, de torture, de pillage en République Centrafricaine.