La tension reste vive à Bossémbélé dans la préfecture de l’Ombella M’Poko. Depuis le coup de force de la Séléka le 24 mars 2013, la cohabitation continue de se dégrader entre les éleveurs peulhs et les jeunes de la ville. Les deux communautés se regardent en ennemis et se rejettent les responsabilités de ce malentendu. Les éleveurs peulhs mettent en cause les jeunes comme le confirme Moussa Orté Adama, représentant des éleveurs de la ville de Bossémbélé : « Ce sont des jeunes communément appelés anti-balaka ou encore Siriri. Ils se sont retranchés dans la brousse avec des armes. Ils s’attaquent aux éleveurs, tuent leurs bœufs, prennent les membres de leurs familles en otage et exigent des rançons. Jusqu’à lors, ils sont à la poursuite des éleveurs et ont tué plus d’une dizaine parmi lesquels femmes et enfants. Nous sommes assimilés aux éléments de Séléka, ce qui a provoqué le départ de la majorité des éleveurs de la région ».
Selon les jeunes, les commerçants locaux leur rendent la vie difficile. « Les commerçants d’ici ne nous aiment pas. Rien qu’en payant du sucre et du café pour la famille, ils t’accusent d’être un anti-balaka et te tuent sans saisir la justice. Aujourd’hui, porter des amulettes ou des gris gris pour soigner certaines maladies est une occasion de se faire passer pour un anti-balaka, et donc condamner à être tuer. Or, ce phénomène a existé de tout temps depuis nos ancêtres. Nous sommes obligés de nous réfugier en brousse pour nous protéger des agressions ».
Entretemps, une mission conjointe du Conseil National de Transition (CNT), des ressortissants de Bossémbélé et du Préfet de l’Ombella Mpoko, s’est rendue dans cette ville de Bossémbélé, le samedi 23 novembre 2013. Le but de cette mission, conduite par la vice-présidente du CNT, Léa Koyassoum-Doumta a été de renforcer la cohésion sociale.
Pendant ce temps, c’est l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) qui sort de son silence pour se préoccuper de la situation sécuritaire dégradante en RCA. Dans une déclaration rendue publique le 19 novembre dernier, ce parti politique d’opposition condamne avec fermeté le silence coupable du Chef de l’Etat, Michel Djotodia et du Premier ministre de Transition, Maître Nicolas Tiangaye, relatif aux dernières dérives sécuritaires enregistrées dans le pays.
L’ADP crie haut et fort sa douleur de voir la RCA perdre ses valeureux fils au jour le jour et de façon si lâche et cynique, alors que le pays a mis du temps pour les former.
S’agissant de la célébration du 1er Décembre 2013, l’ADP estime que l’heure ne saurait être à la fête mais plutôt au recueillement en mémoire des victimes de l’insécurité chronique sur l’ensemble du territoire national.
Par ailleurs, l’ADP affirme que les énergies humaines et les maigres moyens économiques de l’Etat doivent être consacrés à la bataille pour la restauration de l’Etat de droit, la relance du circuit social, économique et administratif ainsi que la restauration des forces de défense et de sécurité.
Lundi déjà, la situation en Centrafrique a été au cœur de la réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU. Les membres du conseil s’accordent pour une intervention d’urgence en Centrafrique afin d’éviter que la situation n’échappe à tout contrôle. L’ONU s’engage à appuyer la Mission de Soutien au Centrafrique (MISCA), la future force de l’Union Africaine, opérationnelle d’ici le 19 décembre prochain avec un effectif théorique de 3.600 hommes. Toujours selon l’ONU, des casques bleus pourraient être déployés dans le pays, si la MISCA n’arrivait pas à maitriser la situation.
Le Premier ministre Nicolas Tiangaye annonce, quant à lui, le déploiement dans la première quinzaine du mois de décembre, de 800 militaires français supplémentaires qui viendraient s’ajouter aux 410 militaires déjà sur place à Bangui. L’annonce a été faite le lundi 25 novembre à l’issue d’une rencontre avec Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, à Paris.