La situation demeure tendue à Bangui, la capitale centrafricaine. Selon les témoignages recueillis ce matin, des éléments de l’ex coalition Séléka continuent de commettre des exactions sur les habitants de plusieurs quartiers notamment ceux du centre et du nord de Bangui. Selon un habitant du quartier Miskine, ces éléments auraient déjà tué six (06) hommes ce matin vers Miskine sur l’avenue Koudoukou. Toujours selon ce témoin, les hommes ne peuvent pas traverser les grandes avenues et les rues du secteur sans risquer d’être abattus.
Un autre témoin, toujours à Miskine déclare que ces éléments de l’ex-séléka continuent de piller. Hier jeudi, selon ce témoin, certains éléments ont même fait du porte à porte, ce qui a obligé les habitants, particulièrement les hommes, à fuir leur maison, laissant ainsi l’opportunité aux assaillants de piller tout ce qu’ils pouvaient emporter.
Du côté de Gobongo, des tirs ont été entendus jusqu’à ce matin. Un habitant témoigne que c’est ce matin que des éléments français sont arrivés dans le secteur, sillonnant quelques ruelles et posant des questions aux habitants sur la situation qu’ils vivent. C’est à ce moment que les tirs ont cessé et que les éléments de l’ex-séléka sont devenus moins visibles.
Les habitants de plusieurs quartiers sont terrés chez eux. Les rues sont désertes en dehors des véhicules militaires et ceux des éléments de l’ex-séléka qui circulent.
De sources hospitalières, plusieurs corps ont été déposés dans les morgues des hôpitaux de la ville. De nombreux blessés ne reçoivent pas encore de soins à cause de l’insuffisance du personnel médical en poste, la plupart de ces agents ne pouvant pas se déplacer pour se rendre sur leur lieu de travail. D’autres sources précisent que certains agents de santé craignent pour leur sécurité, en plus, il manque des médicaments pour la prise en charge de tous les blessés.
A propos des morts, plusieurs dizaines de corps ont été déposés hier à la Mosquée Ali Babolo du kilomètres cinq (km5). Ils auraient été assassinés vers Gobongo, dont l’Imam de la Mosquée de Gobongo, nous informe un autre témoin.
Jeudi, Michel Djotodia, Chef de l’Etat de la transition a appelé la population au calme. Il a pointé du doigt les anti-balaka comme auteurs probables des événements qui se sont produits dans la ville. Il a demandé aux anti-balaka de déposer leurs armes chez les chefs de quartiers et de ne rien craindre.
Michel Djotodia a poursuivi en disant que « les éléments français qui arrivent ne viennent pas soutenir les chrétiens contre les musulmans. Ils viennent pour soutenir toute la population, ils viennent pour aider tous les Centrafricains à retrouver la paix. »
Le Chef de l’Etat de la transition a, par la même occasion, établi un couvre-feu de 18h00 à 6h00 du matin. Selon lui, la sécurité devra désormais être assurée par les éléments français et ceux de la MISCA. Il est difficile d’évaluer la première nuit du couvre-feu. Toutefois, des tirs à l’arme ont été entendus presque toute la nuit. Plusieurs témoins affirment que ce sont les éléments de l’ex-séléka qui ont tiré, alors que ce sont les éléments français et ceux de la MISCA qui devaient sécuriser la ville comme l’a souligné le Chef de l’Etat de la transition dans sa déclaration.
Toujours cette même journée du jeudi, des éléments assimilés aux anti-balaka, foulards rouges sur la tête, ont investi tout le 7è arrondissement. Selon un habitant de Ngaragba, ces anti-balaka ont libéré tous les prisonniers de la maison d’arrêt centrale de Ngaragba. Ils ont voulu continuer vers le centre-ville, mais ce sont les éléments français qui les ont arrêtés a ajouté cet habitant.
Des informations circulant dans la ville font état du fait que ce sont des éléments des Forces armées centrafricaines FACA, associés aux anti-balaka et commandés par Ngaïkoésset qui auraient tenté de renverser le pouvoir de Bangui. Dans sa déclaration du jeudi, Michel Djotodia a rassuré la population que ces éléments ont été mis en fuite par les forces de l’ordre et de défense.
A propos de l’intervention française en Centrafrique, deux avions Jaguar ont survolé en milieu de matinée de ce vendredi, la ville de Bangui. L’arrivée imminente des éléments français est attendue avec impatience par la population qui trouve tout de même cette intervention lente et tardive. De l’avis de certains habitants de Bangui, la France aurait dû intervenir plus tôt. Aujourd’hui, les informations circulent qu’ils commencent à arriver mais aucune action d’envergure n’est déclenchée. Pendant ce temps, la situation empire sur le terrain ; les anti-balaka continuent de tuer, les éléments de l’ex-séléka continuent de tuer, de piller, de dépouiller la population de tous ses biens. Pour la plupart des Centrafricains, l’heure n’est plus aux paroles, aux discours, aux déclarations latentes, mais l’heure est à l’action.
Ali Syhlas
Rédacteur en chef de Radio Ndeke Luka
Rappel des faits dans la presse
« Dans une courte déclaration prononcée après un conseil de défense à l’Elysée, François Hollande a annoncé jeudi 5 décembre que les effectifs militaires français en République centrafricaine (RCA) seraient doublés « d’ici quelques jours, pour ne pas dire quelques heures ».
Ce bref discours et ce conseil de défense sont intervenus après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (ONU), d’une résolution française ouvrant la voie à une opération de maintien de la paix en République centrafricaine (RCA).
L’adoption de la résolution donne mandat à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) de se déployer « pour une période de douze mois », avec une clause de révision à six mois. Elle autorise aussi les forces françaises en RCA « à prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca dans l’accomplissement de son mandat ». Le Monde.fr
L’armée française a lancé son opération en Centrafrique avec un renforcement dans un premier temps des patrouilles dans Bangui, qui présentait vendredi matin un visage de ville morte après les massacres de la veille. AFP
« L’opération a commencé » et les forces françaises présentes en Centrafrique « ont développé des patrouilles dans Bangui », a affirmé vendredi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, à RFI.
Silence radio…
« Depuis hier des événements graves rendent tout déplacement dans la ville de Bangui dangereux pour les populations comme pour les agents de Radio Ndeke Luka. Tant que la sécurité de ces derniers n’est pas assurée, ils ne peuvent se rendre aux studios pour faire leur travail d’information. Nous le regrettons mais ne pouvons pas mettre en danger dans ces moments difficiles les personnels de Radio Ndeke Luka. Nous essayons néanmoins de trouver des solutions afin de reprendre dès que possible émissions et alimentation de notre site internet. »
L’équipe de Radio Ndeke Luka