Michel Djotodia, le président de la transition, a limogé hier dimanche par décret, trois ministres du gouvernement Tiangaye III. Il s’agit de Josué Binoua de la Sécurité publique, Christophe Bremaïdou des Finances et du Budget et Joseph Béndounga de l’Elevage et de l’Industrie animale. « Ces ministres sont limogés parce qu’on ne sait pas où ils sont. Ils ne gouvernaient plus », a affirmé à l’AFP une source proche du pouvoir de Bangui.
Hier dimanche, l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalaïnga, a déclaré en présence de plus de 1.500 fidèles réunis pour la messe dans l’église Saint-Charles Lwanga à Bangui : « beaucoup de chrétiens ont dit qu’ils allaient se venger. Les chrétiens doivent être habités par l’esprit de Dieu, ils ne doivent pas tuer ».
Il ajoute, poursuivant son homélie : « Nous sommes devenus des animaux, les exactions dépassent la raison quand on tue quelqu’un et qu’on brandit son bras ». Le prélat a demandé aux chrétiens de s’inspirer de « l’homme de paix et de réconciliation » qu’était Nelson Mandela, et de ne pas répondre à la violence par la violence.
A Bangui, des milliers de chrétiens se sont rendus dans les églises de la capitale où la situation reste tendue avec des lynchages et des tirs sporadiques, une semaine après les affrontements qui ont fait près de 600 morts selon l’ONU.
Ce lundi, la vie a repris progressivement son cours dans la capitale. Au centre ville par exemple, plusieurs institutions bancaires ont ouvert leurs portes. Les sociétaires se bousculent pour effectuer les opérations de retrait ou d’envoi de fonds. Les activités ont également repris sur les différents marchés de la ville. Au marché de Miskine dans le 5ème arrondissement, les activités ont aussi repris pour la plupart. Seulement, les portes de la plupart des commerces sont restées fermées. La hausse de prix des denrées alimentaires a été enregistrée. Au Pk12 à la sortie nord de Bangui, le marché est opérationnel. Seulement, on note une rareté de la viande. Les conséquences des derniers évènements meurtriers se font sentir sur le panier de la ménagère. Sur les marchés de la capitale, les prix des produits alimentaires et de premières nécessités ont sensiblement augmenté. Le sac du riz, initialement vendu à 23.000 f Cfa, se vend aujourd’hui à 25.000 F Cfa ; le sac de sucre de 50 kilogrammes se vend pour le moment à 50.000 F Cfa. La situation est identique pour le prix du sac de lait, des bidons d’huile sans oublier la viande de bœuf.
Les véhicules de transport en commun, taxis et bus, circulent ou sont stationnés à la gare, attendant les usagers. Cependant, en dépit de cette lente reprise, l’insécurité persiste au-delà du Pk13 sur les axes Boali et Damara. Des hommes en armes de guerre et en armes blanches continuent de circuler librement dans les quartiers.
Tôt ce matin, des coups de feu ont encore été entendus aux abords de l’avenue de l’Indépendance au quartier Foûh dans le 4ème arrondissement de Bangui. Selon les informations, les milices « antis-balaka » auraient voulu interdire la circulation des taxis et bus sur cette artère. Leur réaction, selon ces mêmes sources, fait suite à l’annonce samedi dernier sur les ondes de RFI, d’une tentative de négociation entre Michel Djotodia et le groupe d’auto-défense « anti-balaka ». Pour les insatisfaits, il n’est nullement question de dialoguer avec le chef de l’exécutif, il faut son départ.
Mais sur le plan militaire, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius a indiqué que Paris allait demander ce lundi 16 décembre un « concours plus solide, plus fort » sur le terrain, de ses partenaires européens lors du Conseil Affaires étrangères à Bruxelles. « Les Polonais seront avec nous sur le plan logistique », a ajouté Mr. Fabius citant aussi « les Britanniques, les Allemands, les Espagnols, les Belges ».