L’ambassadrice des Etats Unis auprès de l’ONU, Samantha Power, a profité de sa mission à Bangui, à l’occasion du transfert de pouvoir de la FOMAC à la MISCA, pour adresser des messages clairs aux autorités de la transition. Selon la diplomate onusienne, le strict respect de l’accord politique de Libreville du vendredi 11 janvier 2013 et de la déclaration de Ndjamena du 18 avril de l’année en cours, entre les belligérants de la crise centrafricaine, reste la condition sine qua none pour une sortie de crise. Madame Power rappelle que la transition devra aboutir à l’organisation des élections libres et transparentes : « Le premier message consistait à faire savoir à ces leaders l’importance de rester fidèles aux accords de Libreville et de Ndjamena, d’organiser des élections libres et transparentes au-delà de février 2015. Une chose que je tiens à vous transmettre, les hommes forts généralement n’aiment pas remettre le pouvoir. Il est extrêmement important de retenir que ces hommes forts, le Président, le Premier ministre et le Président du Conseil National de Transition ont accepté de remettre le pouvoir dès la fin des élections. Ils vont nous rassurer de cet engagement et nous, de la communauté internationale, allons les appuyer à les tenir ».
L’autre rappel fort de l’ambassadrice porte sur la traduction, devant les instances judiciaires, de tous les auteurs d’exactions en Centrafrique. « Le deuxième message concernait l’importance du compte à rendre de la responsabilité. Les exactions les plus horribles ont été commises dans le pays. La grande cause de ces problèmes résulte de l’impunité. Des individus ont été responsables de ces abus commis sans être inquiétés. Conséquence, des gens commencent à détester les membres d’une communauté religieuse » a fait savoir Samantha Power.
Samantha Power a entamé, le jour de son arrivée dans la capitale centrafricaine, une série de rencontres avec certaines autorités religieuses ainsi que les activistes des Droits de l’homme. Elle s’est ensuite rendue au chevet des blessés des derniers évènements à l’hôpital communautaire avant de visiter les déplacés internes basés à proximité de l’aéroport international Bangui M’Poko.
Entre temps, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) se félicite du passage entre les deux forces africaines. Amahat All Amy, Secrétaire général de la CEEAC, a précisé que ce relais montre que la crise qui sévit en Centrafrique depuis 13 mois aujourd’hui, préoccupe au plus haut niveau, la communauté internationale. « La CEEAC est fière de procéder à cette mutation parce qu’elle constitue une preuve supplémentaire que la communauté internationale s’intéresse effectivement à la crise centrafricaine. Antérieurement, l’Afrique centrale s’est impliquée, deux décennies durant, dans la recherche des solutions aux crises récurrentes en RCA. La sous région, à travers la CEMAC, a mis en place en 2003 la Force Multinationale en Afrique (FOMUC) pour appuyer les Forces Armées Centrafricaines (FACA) dans la pacification du pays. Les protagonistes centrafricains nous ont surpris en faisant de nouveau parler les armes en décembre 2012. Très rapidement, la commission de l’Union Africaine, à partir de son bureau de liaison à Bangui, a décidé de s’impliquer davantage dans la recherche des solutions en proposant la création de la MISCA » a déclaré Amahat All Amy.
Par ailleurs, le jeudi soir, de nouvelles violences sanglantes ont éclaté dans les quartiers nord de Bangui. La population a été surprise par des tirs nourris d’armes lourdes et légères dans les quartiers de Gobongo et Combattant où six éléments tchadiens de la FOMAC ont été grièvement blessés. Vendredi matin, ce sont les quartiers sud notamment, Boulata, Boeing, Km5 et Fatima qui ont été secoués par ces tirs d’armes. On parle d’une vingtaine de morts et de plusieurs blessés. Un habitant du quartier Boulata joint par RNL confirme des morts et plusieurs maisons incendiées. Il affirme que ce sont les milices assimilés aux « anti-balaka » autrement dit « anti-machette » qui ont attaqué le secteur. Cet avis n’est partagé par un autre témoin qui assure avoir vu des hommes lourdement armés, des hommes qui ne ressemblent nullement aux « anti-balaka ».
Plusieurs centaines de personnes ont donc quitté les quartiers à cause des combats pour se refugier à Bimbo à la sortie sud, dans la préfecture de l’Ombella M’Poko. La circulation est du coup paralysée. Ce samedi matin, les principales artères de la capitale sont désertes et les habitants sont restés chez eux. Les forces de la MISCA et les soldats français de l’opération Sangaris patrouillent dans l’objectif de maîtriser la situation.
Hier vendredi, la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a avisé que la situation en République Centrafricaine reste extrêmement volatile, avec la poursuite de la violence, de l’intimidation et une absence de gouvernance. Elle appelle à agir maintenant.