Centrafrique : Instabilité et recrudéscence des violences

Centrafrique : Instabilité et recrudéscence des violences

L’instabilité politique et sécuritaire persiste après les démissions du président Michel Djotodia et de son premier ministre.

Pour la deuxième nuit consécutive d’intenses tirs à l’arme lourde et légère ont retenti à Bangui. Des coups de feu ont été entendus encore dimanche matin. Un bilan provisoire fait état d’une dizaine de morts en 48 heures.

A Sica, dans le premier arrondissement, la Mosquée de Saydou a été saccagée par des enfants de la rue. Ils se seraient vengés de l’assassinat de l’un d’eux par des hommes armés.

Un nombre non précisé de morts et blessés est signalé au quartier Galabadja, dans le huitième arrondissement.

Le rayon des émissions de la radio nationale est désormais réduit. L’émetteur de Radio Centrafrique à Bimbo a été détruit. Le pilone est littéralement tombé par terre. Plusieurs câbles électriques ont été volés. Impossible de prévoir combien de temps il faudra pour le réparer.

La peur s’est emparée de la capitale centrafricaine. Les rues de Bangui sont presque désertes, les transports paralysés.

Les leaders religieux, politiques et militaires multiplient les appels à l’ordre et à la réconciliation. Joachim Kokate, un leader anti-balaka lance un appel au calme  à ses milices. Il leurs demande de se ressaisir et de cesser tout acte de violences, de rétorsion et de pillage à l’endroit de la communauté musulmane. Toutefois certains combattants ne reconnaissent pas le leadership de Joachim Kokate et refusent  de suivre ses consignes.

L’instabilité politique est caractérisée par le vide institutionnel. Le Centrafrique n’a plus de président ni de gouvernement. Personne n’assure l’intérim puisque la cour constitutionnelle n’a pas encore formellement validé les démissions de Djotodia et  Nicolas Tiangaye. C’est seulement à ce moment que le président du CNT, Alexandre Ferdinand Nguandet pourra assurer officiellement l’intérim de la présidence de la République.

Cela ne l’a pas empêché de s’adresser à la Nation à son arrivée à Bangui, de retour du sommet de Ndjamena. Alexandre Ferdinand Nguandet a promis d’agir rapidement pour « rétablir l’ordre et la sécurité sans attendre l’élection du nouveau chef de l’État ». Il a ensuite lancéun appel aux  Forces armées centrafricaines afin qu’elles « regagnent leurs rangs pour soutenir l’action du gouvernement qui sera mis en place ». Le président du CNT s’est aussi adressé aux ex-Seleka et aux anti-balaka. « Ceux qui répondent aux critères trouveront leur place au sein des Forces armées centrafricaines“.

Alexandre Ferdinand Nguandet a par ailleurs annoncé qu’il entamera très rapidement les consultations en vue de désigner un nouveau Président de transition. Rappelons que le CNT a au maximum deux semaines de temps pour remplir cette tâche.

Le désormais ex président centrafricain Michel Djotodia est parti hier en exil au Bénin sans passer par Bangui. Il n’a fait aucune déclaration à son arrivée à l’aéroport de Cotonou. Djotodia possède une maison au Bénin où il s’était déjà réfugié en 2006.

Les étrangers, surtout tchadiens et ouest africains, continuent à quitter massivement la Centrafrique. L’OIM, l’organisation internationale des migrations, organise à nouveau des vols pour rapatrier 800 immigrés africains.