La FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont averti qu’il fallait déployer en RCA au cours des 18 prochains mois au minimum, une vaste opération humanitaire de longue durée pour endiguer le tribut de plus en plus lourd payé par la population et jeter les bases d’une reconstruction des moyens d’existence. L’alerte est donnée ce lundi 7 avril à Rome en Italie dans un rapport publié.
Ces deux agences du système des Nations Unies sont en train d’intervenir auprès des déplacées et autres personnes affectées par les conflits pour un accès immédiat à la nourriture et à des espèces, tout en préparant la campagne de semis cruciale pour le long terme.
D’après l’évaluation conjointe, les conflits généralisés depuis décembre 2012 ont causé la destruction des moyens de subsistance, des cultures vivrières et commerciales, de l’élevage et de biens de production essentiels dans tout le pays.
En conséquence, environ 1,6 millions de victimes de la crise ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence, soit plus du double du niveau estimé il y a un peu plus d’un an, en février 2013. Fin mars, on comptait quelques 625 000 déplacés par le conflit.
Depuis le début de l’année 2013, les centrafricains sont accablés par de graves problèmes d’accès à la nourriture, compte tenu des disponibilités réduites, de l’interruption des échanges et de la perte de leur pouvoir d’achat. Le chômage est endémique dans tous les secteurs, aussi bien formels qu’informel et les fonctionnaires ne sont pas payés depuis plusieurs mois, ajoute le rapport.
Le pays connaît une perte dramatique de diversité alimentaire et une réduction drastique des apports en protéines animales, ce qui soulève de vives préoccupations pour la nutrition et la santé des familles, en particulier chez les enfants.
« Le niveau de misère que j’ai pu constater récemment chez de nombreuses familles de Centrafrique est effroyable et pourtant, il reste un espoir d’améliorer les perspectives immédiates et à long terme de la population s’il nous est donné de pouvoir intervenir à une échelle suffisamment vaste pour restaurer les moyens d’existence et la sécurité alimentaire », a souligné Dominique Burgeon, Directeur de la Division FAO des opérations d’urgence et de la réhabilitation.
« D’abord et avant tout, les violences doivent cesser. Et en même temps, nous devons aider à sauver des vies et à reconstruire les moyens d’existence », a indiqué Arif Husain, Economiste en chef au PAM. « Chaque jour qui passe rend l’aide d’urgence plus difficile et plus coûteuse et cause la mort de victimes innocentes ».
Le secteur vital de l’agriculture a subi une contraction de près de 37% en 2013 et les entrepreneurs qui géraient l’essentiel des activités commerciales et le transport ont quitté le pays.
« Les perspectives sont sombres pour la campagne agricole de 2014 qui démarre en mars/avril sur fond d’insécurité et de manque d’intrants agricoles », constate le rapport.
La saison des pluies qui débute ce mois constitue un véritable défi pour le réseau routier déjà en mauvais état et risque de rendre certains sites totalement inaccessibles par la route, entravant le pré-acheminement des stocks alimentaires et des intrants agricoles.