Une attaque attribuée à des ex-Séléka a tué lundi après-midi au moins 20 personnes et fait 22 blessés à la cathédrale Saint-Joseph de Bambari (centre de la Centrafrique). Le bilan matériel s’élève à 20 maisons incendiées, 3 véhicules de l’évêché calcinés et deux autres emportés par les assaillants à la veille de la visite du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Selon plusieurs témoins joints au téléphone par RNL, des éléments de l’ex-Séléka accompagnés de musulmans armés de la ville ont lancé une attaque contre le site des déplacés de la cathédrale, à la recherche d’Antibalaka. « Nous sommes sous le feu en ce moment. Les Séléka sont en train d’attaquer notre site », a eu le temps d’indiquer un déplacé terré dans un coin de la cathédrale Saint-Joseph. Il a précisé qu’ils avaient été prévenus la veille par des ex-Séléka qui affirmaient que le site abritait des Antibalaka.
De nombreux déplacés, surpris par les tirs d’armes, sont restés bloqués sur le site d’hébergement, selon un autre témoin. « Les assaillants ont incendié les logements abritant les déplacés et ont ouvert le feu sur les civils qui n’avaient pas pu fuir avant leur arrivée », a rapporté ce déplacé, tout en soulignant que les assaillants tiraient à l’arme lourde et à l’arme automatique. Il a indiqué qu’il avait eu juste le temps de sortir du site avant que le presbytère ne soit attaqué.
« Ceux d’entre nous qui ont pu franchir la clôture ont couru pour rejoindre le site de la Préfecture où est basée la Sangaris (opération militaire française). Pour l’instant, la panique est générale dans la ville », a poursuivi la source.
Les attaquants ont forcé le presbytère, dans lequel ils ont tué des civils, selon ces sources qui font état d’un bilan provisoire de cinq morts et onze blessés.
Par ailleurs, toutes les motocyclettes qui se trouvaient à la cathédrale ont été emportées par les assaillants.
A la fin de la journée, des chars de l’opération Sangaris faisaient route vers Bambari, alors que les tirs baissaient d’intensité.
Cet assaut meurtrier a eu lieu alors que le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, en visite en Centrafrique, devait se rendre mardi dans cette ville du centre de la Centrafrique pour rencontrer des soldats de l’opération Sangaris.
Sept militaires français de l’opération avaient été blessés jeudi dernier dans cette localité lors d’accrochages ayant suivi l’arrestation par les forces de sécurité centrafricaines d’un milicien Antibalaka.
La tension est montée d’un cran lundi dans cette zone après l’installation de l’état-major de l’ex-coalition Séléka à Bambari. Les forces françaises et africaines doivent y faire face à un cycle de vengeance entre ex-Séléka et Antibalaka, mais aussi à d’autres éléments armés incontrôlés qui se livrent à des exactions de toutes sortes contre la population civile.
Ce mardi, les tirs ont baissé d’intensité, un calme précaire semble s’installer dans la ville. Les déplacés ont déserté la cathédrale Saint Joseph pour se réfugier à la gendarmerie et à la préfecture, deux sites gardés par les soldats de l’Union africaine et la Sangaris.
Cette montée de violence, marquée par l’attaque de la Cathédrale Saint Joseph serait menée en représailles d’une autre attaque des Antibalaka contre un membre de la communauté peuhle la veille.