Huit discours, parmi lesquels celui de la présidente de transition Catherine Samba-Panza, ont marqué l’ouverture lundi matin à Brazzaville du « Forum inter-centrafricain sur la réconciliation nationale et le dialogue politique ». Devant près de 200 délégués, Catherine Samba-Panza a annoncé une gestion plus consensuelle de la transition après la rencontre.
« Le forum qui s’ouvre aujourd’hui est une étape capitale de ce processus de dialogue politique et de réconciliation entre les filles et les fils de Centrafrique », a déclaré la présidente. « Il s’agit de réunir tous les acteurs de la crise centrafricaine autour d’une table pour se parler et dépasser les clivages dans le double objectif de convenir à une cessation des hostilités et d’accepter un désarmement négocié de toutes les milices et des groupes armés », a-t-elle poursuivi.
Elle a promis que « des actes politiques majeurs » seraient posés par son gouvernement, après la rencontre de Brazzaville afin de « conduire la transition de manière consensuelle et inclusive, en tenant compte de toutes les sensibilités géographiques, politiques, communautaires et sociales » du pays.
Pour sa part, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, médiateur international dans la crise, a rappelé que la communauté internationale ne fait qu’accompagner le processus en cours. « Plus jamais ça », a-t-il déclaré, appelant les acteurs à jouer pleinement leur rôle pour sortir leur pays de la crise.
Interrogés par RNL, le coordonnateur général des Antibalaka, Patrice- Edouard Ngaïssona et le porte-parole du mouvement, Brice Emotion Namsio, ont expliqué, de leur côté, qu’un travail en amont avait été effectué pour faciliter le dialogue inter-centrafricain. Brice Emotion Namsio a indiqué que la participation de son mouvement au forum visait à « donner espoir et vie à la République centrafricaine ». « Le peuple centrafricain a trop souffert », a-t-il souligné.
S’exprimant au nom de l’ex-Séléka, Abakar Sabone a présenté la situation en Centrafrique, non pas comme « une crise entre Antibalaka et ex-Séléka, mais plutôt une crise entre Antibalaka et musulmans ». Pour lui, ces deux protagonistes doivent se parler franchement.
Quelques acteurs politiques se sont également exprimés, dont Anicet George Dologuélé, président de l’Union pour le renouveau centrafricain (URCA), qui a assuré que « tous les acteurs politiques venus à Brazzaville vont se donner corps et âme pour que la paix soit acquise en République centrafricaine ».
Dans la salle, se trouvaient également de nombreuses personnalités centrafricaines en exil, comme l’ancien ministre de la Défense Francis Bozizé.
Les deux principaux leaders de l’ex-Séléka, Nourredine Adam et Michel Djotodia, étaient, pour leur part, absents.
De nombreuses formations politiques ainsi que les confessions religieuses et la société civile n’avaient pas non plus répondu à l’appel.
Dimanche, à la veille de l’ouverture du Forum, l’organisation Human Rights Watch avait mis en garde contre toute amnistie pour les auteurs des crimes les plus graves.
« L’amnistie est souvent la première demande des leaders qui ont du sang sur les mains », avait rappelé Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les médiateurs doivent faire comprendre que la paix durable ne peut être obtenue sans la justice et que personne n’est au-dessus de la loi », avait insisté cette organisation de défense des droits de l’Homme, dans un communiqué publié depuis Nairobi, au Kenya.