Le Premier ministre centrafricain André Nzapayéké et son gouvernement ont déposé leur démission mardi après – midi à la demande de la présidente de transition Catherine Samba Panza.
A la fin du Forum de Brazzaville, le mois dernier, la présidente avait promis une plus large ouverture des institutions de transition.
« La présidente de transition a demandé et obtenu du Premier ministre, chef du gouvernement de transition, sa démission et celle de son gouvernement pour permettre la mise en œuvre effective des engagements émanant du Forum de Brazzaville », a annoncé sur les ondes de la radio nationale, le porte-parole de la présidence, Clément Anicet Guiyama-Massogo.
En attendant la mise en place d’un nouveau gouvernement, les supputations vont bon train à Bangui, la capitale centrafricaine. Le successeur du technocrate Nzapayéké sera-t-il musulman ou non ?
C’est, en tout cas, le souhait de l’ex-coalition rebelle Séléka qui exige le respect d’une clause non écrite voulant que le Premier ministre soit un musulman ou issu de ses rangs. « Durant 53 ans, ce sont les chrétiens qui ont dirigé ce pays. Aujourd’hui, il est temps que la gestion de ce pays revienne aux musulmans du nord », a déclaré le secrétaire général-adjoint du bureau politique de l’ex-Seleka Ahmat Mal-Mal Essene.
Selon certaines sources, la nomination d’un chef de gouvernement issu des rangs de la Séléka aurait été une des exigences de l’ancien mouvement rebelle d’abord, en janvier dernier dans la capitale tchadienne, puis le mois dernier à Brazzaville.
Après la signature de l’accord de paix de Brazzaville, Catherine Samba-Panza avait annoncé que le nouveau gouvernement serait formé sur la base de « critères de technocratie, de région et de compétence » et intégrerait « aussi la dimension politique et les nouvelles donnes issues du forum de Brazzaville ».
Se joignant au débat, la Coordination générale des Centrafricains de France (CGCF) a mis en garde la présidente de transition contre toute nomination à des postes de responsabilité au sein du gouvernement sur la base de considérations confessionnelles, tribales, ou régionales. « La République Centrafricaine étant un État de droit, souverain, indivisible, démocratique et de surcroît laïc, les nominations à des postes de responsabilité en son sein se font sur la base de la compétence et non sur des considérations confessionnelles, tribales, ou régionales », a indiqué Emmanuel Olivier Gabirault, président de la CGCF. « », a-t-il ajouté.
Certaines associations de la société civile à Bangui vont plus loin. Les membres de l’Organisation des femmes centrafricaines ont ainsi improvisé un sit-in lundi matin devant la représentation des Nations unies pour s’opposer à l’intégration des groupes armés au sein du futur gouvernement.
Bonaventure NGOMBA-KATIKKIRO