Les affrontements opposant mardi et mercredi les forces de l’Eufor à des hommes armés du Km5 dans le 3ème arrondissement ont occasionné plus de cinq (5) morts dont un bénévole de la Croix rouge centrafricaine et plusieurs blessés à Bangui.
Après un calme incertain qui a régné depuis le matin du jeudi dans les quartiers du 3ème arrondissement, la communauté musulmane du secteur est montée aux créneaux. Plusieurs centaines d’hommes, de femmes, de jeunes et d’enfants ont marché sur l’avenue Barthélemy Boganda pour demander le départ des troupes françaises de l’opération Sangaris. Ces manifestants accusent le contingent français d’être à l’origine de leur malheur.
La colonne des mécontents est partie du Km5 pour prendre fin devant la représentation de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Centrafrique (MINUSCA).
De manière unanime, ces musulmans scandaient des slogans hostiles à la France, lisibles sur des banderoles : « Non à la force Sangaris. Nous voulons le départ de la France de la République Centrafricaine ».
« Nous sommes en colère. On ne comprend pas l’attitude de l’armée française, de l’Eufor française. La France est venue en République Centrafricaine pour protéger le peuple mais pas pour nous massacrer. Hier, il y a eu quatre morts, maintenant, nous totalisons cinq morts. La réconciliation commence à venir, et cela ne rencontre pas l’agrément des Français. Ils sont toujours pour les troubles », ont crié les manifestants composés d’hommes et de femmes.
Ousmane Abakar, porte-parole de la communauté musulmane, s’en prend au gouvernement centrafricain qui, selon lui, a affiché une indifférence devant leur souffrance.
« Ce qui nous a étonnés, c’est que notre gouvernement a observé un mutisme. Aucun membre du gouvernement n’a ouvert la bouche pour condamner ce que la France a commencé à faire depuis hier contre la population du 3ème arrondissement », a constaté Ousmane Abakar.
A la chute de la marche, les manifestants ont remis un mémorandum à l’adjoint du Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies en République Centrafricaine.
Cette manifestation de mécontentement de la communauté musulmane a été quadrillée par les soldats de l’Unité de Police Constituée (UPC) du Burundi et du Maroc pour éviter tout débordement.
L’insécurité demeure aussi une préoccupation dans les zones périphériques de Bangui. Au moins trois personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans la nuit du mercredi par une grenade explosée dans une buvette au Pk 12 à la sortie nord de Bangui dans la Commune de Bégoua. Une rixe entre deux hommes armés a été à l’origine de ces dégâts humains.
« J’allais vers le pont bascule sur la route de Boali. Un homme qui courait, entrainant une foule de personnes derrière lui, témoignait qu’il a poignardé quelqu’un avant de s’enfuir. Quelques instants après, un autre individu au corps couvert de sang est venu avec une grenade à la main, nous obligeant à nous éloigner précipitamment. De retour, j’ai constaté trois corps inertes qui gisaient au sol », a clarifié un témoin oculaire sous l’anonymat.
La tuerie mercredi du volontaire de la Croix Rouge Centrafricaine lors des événements du Km5 a suscité la réaction du Comité International de la Croix-Rouge (CICR).
A travers un communiqué de presse publié mercredi, le CICR s’est dit profondément indigné par ce crime absurde.
Cette organisation a une fois de plus lancé un appel pressant à toutes les parties en conflit de garantir la sécurité du personnel humanitaire et de s’abstenir de s’en prendre à des volontaires de la Croix rouge.
Rappelons que la semaine dernière, des échanges de tirs ont eu lieu toujours dans cette commune de Bégoua entre Antibalaka et combattants de l’ex-Séléka basés au camp militaire RDOT. Une situation qui avait paralysé les activités dans le secteur pendant quelques jours.
D’autres tensions entre Antibalaka ont été également signalées ce matin au village Ndjongo-Mpoko, une localité située à environ 7 Km de Bangui dans la commune de Bimbo. Cette situation a coûté la vie à l’un des membres de cette milice. En conséquence, toutes les activités sont restées paralysés dans la localité, car les habitants se sont tous refugiés en brousse.
Certains témoins rapportent que l’incident serait parti d’une discussion entre deux des responsables de ce groupe armé.
« Un élément Antibalaka qui s’est dit exaspéré par les ordres de son chef a choisi la voie de menace à main armée de grenade. Ses compagnons d’armes lui ont tiré dessus pour limiter les dégâts qu’aurait causés l’explosion de la grenade. Il est tombé raide mort », a expliqué un habitant toujours sous le couvert de l’anonymat.
Du coté de la coordination du mouvement des Antibalaka, les responsables affirment qu’il s’agit plutôt de groupes de bandits qui sévissent dans le secteur et non des Antibalaka.
« J’ai constaté que le secteur de Mpoko-Bac à Guitangola regorge de bandits de grand chemin. Je suis entrain de voir avec la coordination comment faire pour mettre un terme aux aventures de ceux qui se disent Antibalaka », a averti Sylvestre Yagouzou, coordonnateur-adjoint des Antibalaka, chargé des opérations.
Dans la Nana Mambéré, l’insécurité compromet en ce moment la libre circulation des personnes et des biens sur l’axe Bouar Garouamboulaï. En l’espace d’une semaine, trois cas de braquage ont été enregistrés entre les villages Fôrô et Zoukombo.
« Des véhicules en provenance de Bouar sont tombés dans une embuscade. Beaucoup de voyageurs ont été dépouillés cette semaine de tous leurs biens par plus d’une quinzaine d’hommes armés de Kalachnikovs et de lance roquettes. Ces hommes seraient des éléments du chef rebelle Abdoulaye Miskine. De grosses sommes d’argent ont été emportées sur les commerçants par ces malfrats. Ces problèmes seraient résolus lorsque les Forces Armées Centrafricaines (FACA) et la police seraient réhabilitées », selon des témoignages rapportés par le correspondant de Radio Ndèkè Luka dans la région.