Braquages, vols, intimidations, rackets : les habitants de Bozoum, dans la préfecture de l’Ouham Péndé, n’en peuvent plus.
Certains parmi eux accusent les Antibalaka mais ces derniers démentent.
Dans cette ville où l’autorité de l’Etat n’existe presque plus, c’est la loi du plus fort qui règne. Les habitants se disent abandonnés à leur triste sort, se plaignent des mauvais comportements infligés par des hommes armés qui circulent librement dans la ville.
Victime de ces exactions, Michel Zinanone, délégué des conducteurs de taxi-motos de la ville, a présenté lors d’une mission effectuée à Bozoum la semaine dernière, une liste de griefs lors d’une rencontre élargie initiée par la Commission Justice et Paix de la paroisse Saint- Michel de Bozoum. « Nous sommes confrontés à d’énormes difficultés occasionnées par les hommes en armes. Ils nous empêchent de travailler comme nous le désirons. Ils érigent des barrières dans la ville et nous obligent à leur verser des sommes d’argent qui nous dépassent », s’est plaint le délégué.
Les vendeurs de produits pétroliers ne sont pas épargnés, comme l’explique leur représentant, Malick Atobaye. « Ce sont les camionneurs camerounais qui nous aident dans le transport de nos produits. Une fois à Bozoum, les Antibalaka les identifient à des musulmans qui n’ont pas le droit de fouler le sol. Ils menacent de les tuer ou d’incendier les véhicules ».
Le commandant des Antibalaka de Bozoum, Godlive Amoda, ne nie pas les faits mais les impute à de faux Antibalaka. Il promet cependant la contribution de son mouvement. « Il y a effectivement des faux Antibalaka qui commettent des exactions. Une structure conjointe Antibalaka-gendarmerie-police est en place pour aider les forces de sécurité à retrouver les fauteurs de trouble », a-t-il indiqué.
A Bangui, la Mission multidimensionnelle de stabilisation de la République Centrafricaine (MINUSCA) a annoncé mercredi que plus de 1000 policiers étaient déjà déployés dans les huit arrondissements de la ville pour tenter de rétablir de la paix et la sécurité. Ils devront travailler en étroite collaboration avec la police et la gendarmerie centrafricaines.
Selon le Haut commandant de cette police onusienne, le commissaire Luis Carrilho, la MINUSCA est déterminée à mettre fin à l’impunité des criminels dans le pays. « S’il y a quelqu’un qui a commis un fait qui est un crime, il faut l’arrêter et l’amener en justice en coordination avec la police centrafricaine, la gendarmerie nationale. Car, ensemble, nous pouvons faire la différence au niveau sécuritaire pour la population de la République Centrafricaine », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Le fonctionnaire des Nations unies a appelé toutes les institutions à jouer pleinement leur rôle. « C’est un message de sécurité et de justice. La police doit faire ce qu’on doit attendre de la police. C’est travailler ensemble avec les autorités judiciaires, administratives », a-t-il dit.