Seize personnes ont été tuées mercredi à Bambari, dans le centre-est de la République Centrafricaine, lors d’une attaque attribuée à des membres de l’ancienne rébellion de la Séléka. Les agresseurs ont ciblé le site des déplacés de la brigade de gendarmerie de la ville.
Selon des sources locales, ces ex-Séléka agissaient pour venger la mort de deux Peuhls tués la veille par des Antibalaka à 35 kilomètres de Bambari, sur l’axe Ndassima. Le véhicule qui transportait ces Peuhls avait été incendié mardi par des miliciens. En représailles, la communauté peuhle a investi mercredi le site des déplacés de la gendarmerie, dans une sorte de chasse aux Antibalaka.
« Les musulmans ont décapité un jeune l’identifiant à un Antibalaka. Mardi aux environs de 8 heures, les Antibalaka ont intercepté un véhicule tuant deux Peuhls et brûlant le véhicule. Aussitôt, les musulmans de Bambari ont réagi en représailles pour s’attaquer au site des déplacés. D’après un agent de la Croix rouge que j’ai interrogé, seize personnes ont été tuées et plusieurs blessées », a indiqué un habitant de Bambari qui a requis l’anonymat.
Le général Joseph Zoundéko, chef d’état-major des ex-Séléka basés à Bambari a confirmé les faits, en expliquant cependant que ses hommes avaient été provoqués. « Un véhicule qui partait à Ndassima a été attaqué par les Antibalaka. Le chauffeur et le propriétaire du véhicule ont été tués et le véhicule a été incendié. C’est ainsi que la communauté musulmane s’est dirigée vers la Misca où les chrétiens se sont réfugiés ».
Mais pour les Antibalaka, ce sont plutôt les Peuhls qui ont jeté l’huile sur le feu. « Les Antibalaka ne comprennent rien de l’attaque du site des déplacés. Ce sont les musulmans qui ont attaqué à la gendarmerie », a affirmé le responsable des Antibalaka de Bambari, Patrick Ngongo.
Bambari est l’une des provinces où persiste l’insécurité en dépit de la présence de forces internationales.
Meurtre également dans la capitale, Bangui, où un conducteur de taxi-moto de 24 ans, Evrard Juventus Naéré, a été tué mercredi soir à Damala Don Bosco dans le 8e arrondissement. Les témoins mettent en cause des miliciens Antibalaka du secteur.
Jeudi matin, plus de 200 conducteurs de taxi-moto sont descendus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol. En effet, plusieurs de leurs collègues ont été déjà tués dans les mêmes conditions. Régis-Thibaut Warassa, l’un des conducteurs de taxi-moto, a appelé les forces internationales à sécuriser ce secteur. « J’étais avec le défunt 10 minutes avant. Tous les jours à partir de 18 heures, la circulation devient difficile dans la zone. Je demande aux forces internationales déployées dans le pays de prendre leurs responsabilités ».
Même les vendeuses du marché Combattant dans le 8e sont montées au créneau pour dénoncer les vols et braquages dont elles sont victimes depuis plusieurs mois. L’une d’entre elles, Tatiana Claire Guitigbé, qui vend des légumes, demande aussi à la force des Nations unies de passer aux actes. « Nous ne savons pas comment rentrer à la maison après la vente de nos marchandises. Les Antibalaka nous attaquent et nous dépouillent de l’argent, des récipients et nous infligent des traitements inhumains. Et pourtant, nous avons des forces internationales », a-t-elle fulminé.
Contacté par RNL, le commissariat de police de Damala a indiqué qu’il n’avait pas les moyens de faire face à de tels actes violences.