Soupçonnée d’avoir détourné une partie de l’aide financière accordée par l’Angola, la présidente Catherine Samba-Panza proteste de son innocence par la voix de sa conseillère et porte-parole Antoinette Montaigne Moussa.
« Lorsque le chef de l’Etat de la transition est arrivé à la tête de notre pays, il y avait énormément de problèmes et de défis à relever. Il faut rappeler que l’Etat n’existait plus, toutes les administrations, la gendarmerie, la police, étaient occupées par les groupes armés. Il n’y avait pas de ressources dans le pays », a rappelé Mme Montaigne dans un entretien avec RNL lundi après-midi.
Au terme de leur réunion dimanche, les dirigeants des miliciens Antibalaka ont exigé la démission de la présidente dans les 48 heures, l’accusant notamment d’avoir détourné ces fonds octroyés par le gouvernement angolais.
« L’Angola a aidé la République Centrafricaine à pouvoir faire face à l’ensemble de ces questions. Aujourd’hui, il y a une administration à Bangui et une administration qui se déploie peu à peu en province », a poursuivi Antoinette Montaigne Moussa, expliquant que tout cela a coûté de l’argent.
Elle a appelé l’opinion centrafricaine à ne pas oublier non plus « le paiement d’un mois de salaire au titre des retards de salaire qui avaient été accumulés dans notre pays ».
La porte-parole a par ailleurs réagi aux critiques selon lesquelles les règles d’usage en matière financière n’avaient pas été respectées. Sur ce point, elle a appelé les détracteurs à tenir compte du contexte actuel. « La moitié du pays est occupée par des groupes armés, l’Etat n’a pas la faculté de recouvrer lui-même les ressources, les caisses du trésor sont vides. Des choses simples ont été enflées parce qu’il y a des intérêts quelque part pour pouvoir affirmer cela et éclabousser le chef de l’Etat de transition qui ne fait pas partie des problèmes de ce pays, mais qui est venu apporter sa solution en tant que compatriote », a-t-elle dit.
Antoinette Montaigne Moussa a par la suite nié que le gouvernement ait financé un quelconque groupé armé. « Financer les groupes armés est une formulation inexacte (…) Je préfère dire que c’était des négociations. Il était question de négocier avec les hommes armés, les cantonner, les prendre en charge sur le plan alimentaire pour éviter qu’ils n’aillent chercher à manger arme au poing. C’est tout cela qui a été financé », a-t-il expliqué.
S’agissant de l’absence de dialogue et de consensus entre le gouvernement et le parlement de transition, elle a trouvé « normal que les uns et les autres s’inquiètent ». « Je souhaite que le président du Conseil national de transition se rapproche de la présidente et du gouvernement pour obtenir toutes les réponses qu’il souhaite avoir », a-t-elle indiqué.
L’article 63.3 de la charte constitutionnelle stipule que les institutions de la transition s’engagent à privilégier le dialogue et le consensus comme mode de fonctionnement normal et de règlement des conflits.
Elle a terminé par un appel aux Centrafricains à compter d’abord sur eux-mêmes pour le retour à la paix, soulignant que les forces internationales n’avaient pas vocation de rester dans le pays. « Nous n’avons pas d’armée et le peuple centrafricain en a pris bonne note depuis longtemps. Les forces internationales sont là pour nous aider, mais elles ne pourront pas faire de miracle si nous, Centrafricains, nous avons décidé de nous entretuer. Nous devons saisir cette opportunité en sachant que les forces internationales ne vont pas rester éternellement. »