La Centrafrique, en proie depuis 2008 à des attaques et enlèvements de la rébellion ougandaise de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), a appelé jeudi 14 octobre, à combattre ce mouvement comme Al-Qaïda, en marge d’une réunion organisée par l’Union africaine (UA) à Bangui.
Cette rencontre a rassemblé pendant deux jours des représentants d’autres pays affectés par les exactions de la LRA. Elle « vise à évaluer l’impact sécuritaire, économique et humanitaire de la présence de la LRA » en Centrafrique, a déclaré le ministre centrafricain de la Défense, Jean-Francis Bozizé.
« La LRA est désormais une organisation terroriste comme Al-Qaïda. Donc, il est aujourd’hui urgent de mettre fin aux exactions » de cette rébellion, a déclaré M. Bozizé.
Le ministre centrafricain des Affaires étrangères, le général Antoine Gambi, pour sa part, a tenu un discours similaire: « Pour nous, les éléments de la LRA sont des terroristes exactement comme Al-Qaïda. La communauté internationale ne doit pas lésiner sur les moyens d’aider la Centrafrique à enrayer l’insécurité créée par cette rébellion », a dit le général Gambi, soulignant que son pays n’est pas frontalier de l’Ouganda où la LRA est apparue en 1988.
A l’ouverture de la réunion, le président centrafricain François Bozizé, avait aussi dénoncé les « incursions, pillages, massacres, viols, prises d’otages et villages systématiquement incendiés » par la LRA dans quatre régions de son pays.
« Je formule le voeu que cette session aboutisse à des propositions et solutions adéquates à cette question récurrente », a dit le président.
D’après un communiqué de l’Union Africaine parvenue à Radio Ndeke Luka, la réunion de Bangui s’est déroulée en présence de représentants de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo (RDC) et du Soudan « y compris le Sud-Soudan », tous affectés par la LRA, ainsi que du Kenya qui assure la présidence en exercice du Conseil de paix et de sécurité de l’UA.
Des représentants d’organisations régionales, humanitaires et de l’ONU ainsi que des Etats-Unis y assistent également, d’après le texte.
L’UA entend « témoigner une solidarité du continent à la Centrafrique et mettre en exergue la responsabilité commune face à la question la LRA. (…) Cette session doit adopter des conclusions audacieuses devant nous orienter vers l’action contre la LRA », a déclaré le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra.
En décembre 2008, l’armée ougandaise avait lancé une offensive surprise contre la LRA dans l’extrême nord-est de la RDC. L’opération avait échoué à capturer le chef de la LRA, Joseph Kony, et à neutraliser le groupe rebelle qui s’est, depuis lors, scindé en plusieurs colonnes.
Depuis 2009, des militaires ougandais poursuivent la LRA en territoire centrafricain avec l’accord de Bangui, sans parvenir à freiner les attaques et enlèvements attribués à la LRA comme le soir du 10 octobre à Birao (nord de la Centrafrique).
L’institut de recherche International Crisis Group a estimé que Joseph Kony, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l’humanité, se trouvait au sud du Darfour (ouest du Soudan). Or le Soudan n’a pas autorisé l’Ouganda à poursuivre Kony au Darfour, d’après ICG.