Le week-end a été mouvementé à Bangui la capitale centrafricaine. Au moins 03 personnes ont été tuées à l’arme blanche au Pk5 dans le 3e arrondissement, fief des musulmans. La communauté musulmane a réagi en représailles à l’assassinat samedi en fin d’après midi d’un membre de leur communauté devant la Primature par des individus non identifiées.
« Un jeune musulman a été tué samedi soir devant la Primature en plein centre administratif par des individus armés non identifiés. A la vue du corps qui a d’abord été déporté au Camp Béal où sont basés les ex-combattants Séléka, puis conduit à nous et déposé à la mosquée, les musulmans de Pk5 sont rentrés dans tous leurs états », a rapporté Abakar Ousmane, porte-parole des musulmans.
La violence a connu une ascension exponentielle, bien que les circonstances dans lesquelles le jeune musulman a trouvé la mort samedi soir, ne soient pas vraiment élucidées.
« La victime est un combattant ex-Séléka caserné au Camp Béal (Camp militaire non loin de la Primature). Il venait, muni d’un couteau, pour braquer une moto. Le propriétaire de la moto, plus fort que lui, l’a mis à terre, a récupéré le couteau et l’a poignardé dans le cou. Il en est mort par la suite », a expliqué sous l’anonymat, un habitant du quartier 200 villas voisin au Camp Béal et à la Primature, qui affirme avoir suivi la scène.
Cette version a été confirmée par des sources hospitalières.
L’incident a été mal accueilli au sein de la communauté musulmane de Pk5 qui, en représailles, a donné la mort à deux personnes en déplacement dans le secteur le soir même.
« Mon neveu, un vendeur d’éventails s’est rendu samedi soir aux environs de 18 heures au Pk5 pour livrer des pacques d’eau. Il a été tué atrocement. Les bourreaux l’ont décapité, éventré et dépiécé ses membres supérieurs. Des connaissances l’ont transféré à la morgue et nous ont alerté par la suite », a expliqué l’oncle de l’une des victimes, âgé de 17 ans à RNL.
La tension s’est dégénérée dimanche matin avec de nombreuses autres scènes de violences. Trois leaders de cette communauté musulmane dont un ministre en fonction qui tentaient de calmer les manifestants, ont même été temporairement séquestrés avant d’être relâchés.
Réactions dans d’autres quartiers de Bangui
Des jeunes armés assimilés aux miliciens Antibalaka du quartier voisin de Fatima, ont menacé d’attaquer le quartier Pk5 en représailles, mais ont renoncé à ce projet. Dans les 4e et 8e arrondissements, des miliciens Antibalaka se sont livrés pendant un moment à des tirs sporadiques, bloquant temporairement la circulation.
Un calme relatif est revenu en fin de soirée, suivi de la reprise de la circulation dans les quartiers nord. Tandis qu’au Pk5, les commerces sont restés fermés et, la circulation bloquée toute la journée.
Le président de la Communauté islamique de Centrafrique (CICA) est intervenu pour déplorer ce regain de violence. « Les ennemis de la paix ont encore mis en mal les efforts de cohésion sociale en cours en République Centrafricaine. Nous devons chercher les auteurs de ces crimes pour les soumettre en justice. Nous devons éviter les tensions inter-communautaires », a déclaré l’Imam Oumar Kobine Layama.
« Nous appelons aussi le gouvernement à prendre ses responsabilités pour protéger la population, faire arrêter les auteurs de ces violences et les traduire en justice », a-t-il ajouté.
Les autorités de transition, elles, ne se sont pas encore prononcées sur cet incident.