Le procureur de la CPI, Mme Fatou Bensouda, qui a séjourné 48 heures dans la capitale centrafricaine, s’est entretenue avec les autorités de la transition sur l’enquête préliminaire sur les crimes commis dans le pays. La Cour pénal internationale s’engage à mener des enquêtes et des poursuites en toute indépendance et impartialité contre les crimes commis depuis 2012 en République Centrafricaine. « Au peuple centrafricain, je fais cette promesse : mon Bureau mettra tout en œuvre pour mener des enquêtes et des poursuites contre les principaux responsables de ces crimes odieux et prendre des mesures pour que justice soit rendue aux victimes », a déclaré Fatou Bensouda, procureur de la CPI lors de sa rencontre avec les représentants de la presse nationale et internationale mercredi à Bangui.
« Je vous le répète : ces crimes doivent cesser. Ceux qui commettent des meurtres, des pillages, des viols ou d’autres crimes atroces doivent répondre de leurs actes répréhensibles », a mis en garde Fatou Bensouda.
La visite du Procureur de la CPI à Bangui a permis d’échanger avec les autorités de transition dont Catherine Samba-Panza, chef d’Etat de transition sur la coopération engagée dans le cadre de la situation en Centrafrique.
« …, nous soutiendrons les mécanismes judiciaires mis en place à l’échelle nationale et destinés à permettre des enquêtes et des poursuites complémentaires à l’encontre d’autres auteurs de crimes à grande échelle. L’impunité ne saurait être tolérée en Centrafrique », a-t-elle ajouté. « D’après ce que j’ai pu observer au cours de cette visite officielle, il y a tout lieu de croire avec optimisme que l’avenir de ce pays se bâtira sur les socles de la justice, de la paix et de la stabilité » a poursuivi Mme Bensouda.
La première justicière du monde a confirmé des cas d’exactions commises par les différents groupes qui sévissent en Centrafrique, « L’année dernière, au vu de l’analyse des informations disponibles menée en toute indépendance par mon Bureau, je suis parvenue à la conclusion qu’il y avait des motifs raisonnables de penser que les groupes de la Séléka et des Antibalaka avaient commis des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre ».
Selon Fatou Bensouda, « La justice ne peut être rendue à la hâte ». « Nous continuerons à enquêter de manière rigoureuse et, au moment opportun, nous identifierons ceux qui, au vu des preuves que nous détenons, sont les principaux responsables des crimes les plus graves perpétrés en Centrafrique ».
Le procureur de la CPI a confirmé que les hommes armés de Joseph Kony ont semé la désolation hors des frontières de l’Ouganda. Fatou Bensouda a expliqué que Dominic Ongwen est présentement poursuivi à La Haye pour des crimes commis dans son pays d’origine. « Je sais que l’Armée de résistance du seigneur a commis un grand nombre d’atrocités dans des pays voisins de l’Ouganda. Toutefois, le mandat d’arrêt délivré par la CPI en l’encontre de Dominic Ongwen concernait les crimes qu’il a commis en 2004 dans le nord de l’Ouganda. C’est sur cette base qu’il a été transféré à La Haye en vue de son procès », a-t-elle précisé.
Sur le cas centrafricain, Mme Bensouda a indiqué qu’elle a mis en place une équipe chargée d’enquêter sur l’affaire Dominic Ongwen, l’un des commandants de la LRA, détenu à la CPI en vue de son procès. « (…), j’ai constitué une équipe chargée de déterminer si de nouveaux chefs d’accusation concernant le recrutement d’enfants soldats et des actes de violences sexuelles devraient être ajoutés aux accusations qui sont présentées contre lui », a-t-elle souligné.
Concernant la future Cour pénale spéciale que la Centrafrique compte mettre en place dans les mois à venir, Fatou Bensouda, précise que l’action menée par la CPI n’empêchera en rien celle de la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation de la Centrafrique, Minusca ni de l’appareil judiciaire national.
« Le Bureau se réjouit de l’appui apporté par la communauté internationale et en particulier par la Minusca en faveur de la restauration de l’appareil judiciaire en Centrafrique. Ce soutien international pourra en fin de compte aider les autorités centrafricaines à assumer leur responsabilité première consistant à enquêter sur les crimes internationaux et en poursuivre les auteurs notamment dans le cadre du Tribunal pénal spécial. (…) Le Tribunal pénal spécial doit fonctionner parallèlement à toute enquête menée par le Bureau et en complément d’une telle activité », a fait savoir le procureur de la CPI.
Dans la journée, Le procureur Bensouda a rencontré le Premier ministre Mahamat Kamoun, le président du Conseil national de transition Alexandre Ferdinand Nguéndet et les ministres de la justice, de la défense et de la sécurité publique.
La procureure de la CPI a quitté Bangui ce jeudi pour Kampala en Ouganda. Le Bureau du Procureur de la CPI mène des enquêtes et des poursuites à propos du crime de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, en toute indépendance et en toute impartialité. Il a ouvert des enquêtes en Ouganda, en République démocratique du Congo, au Darfour (Soudan), en République centrafricaine, au Kenya, en Libye, en Côte d’Ivoire et au Mali. Il conduit également des examens préliminaires à propos des situations en Afghanistan, en Colombie, en Géorgie, en Guinée, au Honduras, en Irak, au Nigéria, en Ukraine et en Palestine.