Le Forum inter-centrafricain de la réconciliation est en train de prendre son dernier virage. Les recommandations des ateliers thématiques sont rendues publiques, notamment celles des ateliers Gouvernance et Développement économique et social.
Onze délibérations à inclure dans la future Constitution centrafricaine ont été proposées par la commission Gouvernance. On peut noter entre autres l’insistance sur le caractère laïc de l’Etat centrafricain ; la consultation à la base sur les grandes questions de société et, la mise en place d’une haute autorité de bonne gouvernance.
A l’annexe du rapport de la commission Gouvernance, trois propositions fortes ont été formulées par les participants: le report des prochaines élections après concertation entre l’Autorité nationale des élections (ANE) et d’autres institutions, la saisine de la conférence des chefs d’États de la CEEAC pour la prolongation de la transition et le maintien des hautes autorités de la transition jusqu’aux élections.
Certaines propositions ont porté sur la déclaration « Jours fériés » des deux principales fêtes musulmanes que sont le Ramadan et la Tabaski.
Entre autres propositions, il y a les questions de l’élargissement du Conseil national de transition (CNT, le parlement provisoire) aux Antibalaka ; l’interdiction faite aux groupes armés d’être transformés en partis politiques ; l’augmentation du budget de l’Éducation et la revalorisation du statut de l’enseignant ; la création des Universités par région ; la signature par les membres du gouvernement du Pacte républicain ; la problématique de nomination des consuls de la République Centrafricaine à l’étranger devenue un véritable réseau de business.
Sur le chapitre Élections, l’Atelier a recommandé la tenue d’une réunion élargie de tous les acteurs pour définir un nouveau calendrier électoral mais que cela ne doit pas dépasser 2015. Il a été aussi question de garantir la stabilité de la transition en maintenant en fonction la présidente de la transition, le Premier ministre et le président du CNT.
Des propositions qui ont suscité des débats contradictoires et houleux surtout en ce qui concerne l’organisation des élections et la prolongation de la transition.
Christian Léngbé du Mouvement national des indépendants se dit favorable à ces propositions même s’il précise que cela ne peut être possible qu’après concertation. « Nous n’avons pas aujourd’hui les moyens pour aller aux élections. J’ai été un élu du peuple, député du 1er arrondissement de Bangui. On sait dans quelle condition nous organisons les élections dans notre pays. Si on nous demande d’aller aux élections dans deux ou trois mois, ça va être la catastrophe. S’il faut prolonger la transition, nous qui sommes ici et qui représentons le peuple aujourd’hui, on reconduit la transition et ce, sur des bonnes bases, consensuelles et apaisées ».
Son de cloche discordant d’un autre délégué de cette même commission. Mouammar Bengué Bossin – tout en s’alignant sur le principe du report des échéances électorales – pense pour sa part que les autorités actuelles ne sont plus dignes de la confiance ni du peuple ni du CNT « Il n’a jamais été question d’adresser une demande aux chefs d’État de la CEEAC pour proroger le mandat du Chef d’État de la transition. De deux, le Chef d’État de la transition était venue dire ici lundi devant le président Sassou Nguesso et toute la communauté internationale que les élections auront lieu coûte que coûte au mois de juillet-août alors que personnellement j’ai dis que cela ne sera pas possible. Et donc on ne doit pas oublier le fait que le 21 octobre devant le CNT, elle a reconnu des détournements de fonds. Tout cela constitue ce qu’on appelle une forfaiture. Donc, elle n’est plus digne d’avoir la confiance du CNT et du peuple centrafricain ».
Ensuite, en Développement économique et social : plusieurs points essentiels ont été relevés pour susciter des recommandations. Entre autres, le problème de taxes d’abattages et forestières ; le vote des Maires ; le problème de l’inflation des prix des marchandises ; les banques primaires devenues un véritable réseau mafieux ; la mauvaise gestion de l’Enerca et de la Sodeca ; l’instauration du secteur Construction de logements sociaux pour favoriser l’emploi ; la révision de tous les accords miniers, forestiers et pétroliers avec la RCA ; l’audit du secteur para-public ; la réouverture des principaux marchés internes et frontaliers fermés du fait de la crise ; la création d’une banque de semence par préfecture ; l’annulation de tous les accords en matière de défense paraphés à Paris ; la problématique de la subvention de la presse privée et des syndicats et, la nature néocoloniale de l’Etat-centrafricain qui annihile son indépendance.
Pour ce dimanche 10 mai, les débats vont tourner autour des résultats des commissions Justice et réconciliation et Paix et sécurité. Ouverts le 4 mai, les travaux du forum sont censés prendre fin ce 11 mai 2015.