Les négociations sont ouvertes à Baboua dans la Nana Mambéré (ouest de la Centrafrique) entre les ravisseurs du Maire et du Sous-préfet de la ville kidnappés dimanche dernier par des hommes armés. Aujourd’hui, les ravisseurs sont identifiés, les autorités locales préfectorales ainsi que le gouvernement de la transition sont entrés en discussion afin d’obtenir la libération des otages.
« Les otages sont toujours aux mains de leurs ravisseurs. Nous avons pris des contacts humains et le gouvernement aussi est en train de se battre pour que ces otages soient libérés. Il y a un effort qui se fait au niveau de la préfecture tout comme au niveau du gouvernement », a confirmé à RNL le préfet de la Nana Mambéré, Frédéric Ouagonda.
La sensibilité de la question et l’engagement des négociations avec les hommes armés nécessite une finesse et plus de diplomatie pour aboutir à des résultats probants et concluants. Politique utilisée par le préfet Ouagonda qui souhaite ne pas dévoiler l’identité des ravisseurs.
« Généralement, dans ces conditions et avec l’expérience que j’ai eue avec la première prise d’otages, ils les font déplacer de temps en temps. Etant donné que nous sommes en train de nous battre pour trouver une solution, je souhaiterais rester dans la discrétion pour ne pas capoter l’effort qui se déploie actuellement ».
Pour le préfet de la Nana Mambéré, ces hommes en armes souhaitent une protection en vue de leur réinsertion dans la société. Seulement, la procédure mise en place n’est pas la bonne. « Ce sont toujours les mêmes revendications : nous avons passé beaucoup de temps en brousse nous voulons sortir. Etant donné que ce sont des gens qui ont mené des actions contre la sécurité, ils souhaiteraient avoir des couvertures, mais avoir une couverture, ce n’est pas toujours de commettre des exactions », a ajouté le préfet.
Le 19 juillet dernier le Maire, le Sous-préfet de Baboua et un pasteur de la localité ont été kidnappés par les hommes armés qui se réclament du « Groupe d’attaque de l’Église de Fatima ».
Un Communiqué de presse signé le 21 juillet d’un certain Colonel Abakar Sambla, qui dit être auteur de l’attaque de l’Église catholique de Fatima à Bangui le 28 mai 2014, déclare que l’enlèvement du Maire et du Sous-préfet de Baboua constitue une exigence pour revendiquer le versement de la somme de 350 millions de francs CFA promise par une personnalité proche du Chef de l’État de la transition après l’attaque de l’Église.
Le Groupe conditionne la libération des otages au versement de la totalité du montant annoncé, remettant en cause l’accusation portée contre les hommes du Front Démocratique du Peuple Centrafricain (FDPC).
Le gouvernement de la transition avait condamné lundi les multiples rapts sur le tronçon Bouar-Béloko mettant en garde les assaillants.
Le CGPAP hausse le ton
La coordination générale des partis et associations politiques (CGPAP) a réagi jeudi 23 juillet suite à l’enlèvement dimanche dernier par des hommes armés non identifiés des autorités locales de la ville de Baboua dans la Nana Mambéré.
Davy Yama, porte-parole de cette coordination, exige aux autorités centrafricaines en partenariat avec les forces onusiennes de mettre les bouchées doubles en vue d’assurer la sécurité sur le corridor Bangui-Douala, vital pour l’économie nationale.
« Nous saisissons cette occasion pour demander au gouvernement et aux forces internationales de tout mettre en œuvre pour obtenir la libération de ces compatriotes et de tout faire pour intensifier les actions de sécurisation de ce corridor qui est vital pour notre économie nationale et sécuriser aussi l’ensemble du territoire national pour permettre la libre circulation des citoyens centrafricains ».
La coordination générale et associations politiques condamne avec la dernière rigueur ce rapt et somme la mise en liberté des otages. « Nous tenons à condamner cet acte crapuleux et irresponsable de la part des ennemis de la paix. Nous voulons aussi saisir cette occasion pour exiger la libération immédiate et sans condition aucune de ces compatriotes », a martelé Davy Yama.
Réaction de la Minusca
La Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation de la Centrafrique, Minusca se dit très préoccupée par la montée croissante de l’insécurité sur le corridor Bangui-Béloko. Dans un communiqué publié ce 22 juillet, cette mission annonce des dispositions prises à l’issue d’une réunion de sécurité tenue ce 21 juillet à Bouar dans la Nana Mambéré.
Le communiqué précise que des patrouilles régulières seront menées dans le secteur et particulièrement dans la partie située entre Béloko-Baboua, avant d’appliquer les mesures arrêtées de commun accord avec la Force de la Minusca, les syndicalistes et les transporteurs au cours des réunions tenues les 9 et 11 juin dernier à Bangui.
Par ailleurs le Commandant de la Force de la Minusca, le Général Martin Tumenta, a réitéré le renforcement de la collaboration entre tous les acteurs en matière de sécurité pour démanteler définitivement ces groupes armés.