Les musulmans du PK5 dans le 3e arrondissement de Bangui déplorent leurs conditions de vies, se disent abandonnés à leur triste sort et s’inquiètent pour leur sécurité. C’est le 22 octobre 2015 qu’ils ont exprimé leur mécontentement au cours de la visite de Stephan O’Brien, secrétaire général adjoint des affaires humanitaires de l’ONU .
« Sur le plan humanitaire, le plus grand site dans Bangui c’est le PK5. Aujourd’hui, nous accueillons les déplacés de Boda, Yaloké, Carnot et Berbérati, ce qui fait que nous sommes actuellement sursaturés. Avec les événements du 26 septembre, nous avons encore accueilli même des déplacés chrétiens qui se sentent en sécurité au PK5 », a plaidé le chargé de communication de la Coordination des organisations musulmanes de Centrafrique (COMUC), Ibrahim Hassan Frédé.
« Nous sommes dans une prison à ciel ouvert. Un musulman ne peut pas se déplacer au-delà de deux kilomètres carrés. Le PK5 est sans protection. Par contre dans chaque arrondissement, il y a la base de la Minusca. On se pose la question, pourquoi ce délaissement ? », s’est-il plaint.
En réponse, le coordonnateur des secours d’urgences, Stephen O’Brien a affirmé que la communauté internationale et également les Nations Unies mettent tout en œuvre pour délivrer les services souhaités.
« Avec la puissance des messages que vous avez délivré, j’espère que c’est possible pour nous de la communauté internationale et l’ONU, de faire mieux en délivrant le service que nous voulons délivrer. Nous ne sommes pas contre vous. C’est l’agenda pour améliorer les conditions de vie des personnes les plus vulnérables qui ont besoin de survie, de protection et d’espoir pour le future », a attesté Stephen O’Brien.
Stephen O’Brien avait effectué du 20 au 22 octobre 2015 une visite en République Centrafricaine pour évaluer la situation humanitaire. Il s’était rendu sur les sites de déplacés de la paroisse Saint Sauveur et de la mosquée centrale.
Cas d’assassinat signalé au PK5
Un boucher du marché Combattant a été tué vendredi 23 octobre 2015 dans le 3e arrondissement de Bangui alors qu’il vaquait à ses occupations quotidiennes. Les parents expliquent que la victime a été jointe au téléphone par un commerçant du PK5, sous prétexte de vouloir lui vendre un bœuf.
La dépouille mortelle a été retrouvé à l’endroit indiqué au téléphone par les bourreaux, relate Frédéric Dawi Mbioko, l’un des parents de la victime. « Mon cadet était à la maison quand le surnommé alias Pati l’a appelé au quartier Ketté Goussa, là où les vendeurs de bétail exercent. Je l’ai suivi pour m’assurer s’il a payé le bœuf mais je ne l’ai pas trouvé », a-t-il expliqué mentionnant qu’ « Il a été tué par des hommes armés ».
« Je demande que justice soit faite et que Patrice Adamou alias Pati soit interpellé à la barre », a conclu Frédéric Dawi Mbioko.
Pointé du doigt dans cette tuerie, Patrice Adamou, alias Pati, boucher dans le 3e arrondissement, accusé de complicité dans cette mort, clame son innocence.
« Je ne me reproche rien du tout. Je ne suis pour rien dans ce qui s’est produit. C’est depuis 1985 que je fais le commerce avec mes frères », a affirmé Patrice Adamou qui a démontré que « Mon cadet m’avait téléphoné qu’il devait se déplacer vers moi pour acheter un bœuf. Je lui ai dit de passer le lendemain matin à 6 heures pour faire l’achat. Il m’a finalement contacté quand j’étais avec les clients de Mbaïki, Boeing, même certains bouchers de Combattant. Je les ai servi. Ils étaient venus par le marché Ketté Goussa, or nous, musulmans du Km5, nous ne pouvons pas arriver jusqu’à ce niveau ».
M. Adamou reconnaît avoir échangé avec le frère de la victime au téléphone, « Entre temps, son grand frère et ses bouchers m’ont déjà trouvé le matin là où on vend habituellement les bœufs »
Le corps sans vie de ce boucher a été retrouvé dans les environs du marché Ketté Goussa, situé à Boeing dans Bimbo IV.