Au cours d’une conférence de presse ce vendredi 6 novembre 2015 à Bangui, l’Alliance des Évangéliques en Centrafrique (AEC) a renouvelé son soutien à la réhabilitation des Forces Armées centrafricaines (FACA). Le redéploiement des FACA est un impératif pour une sortie de crise en Centrafrique.
« La question de la réhabilitation des FACA n’est plus une question à soumettre au débat, c’est une nécessité et nous l’exigeons en tant que responsables d’église parce que nous avons vu des gens passer dans des quartiers, incendier et détruire des maisons, piller des biens sous le regard inactif des forces internationales. Nous disons, si c’est pour continuer comme ça, c’est pour enrayer la Centrafrique de la carte du monde. Les FACA sont là, nos officiers supérieurs sont là, occupent des postes de responsabilité dans ce pays. Alors pourquoi ne pas ramener ceux-là qui avaient vocation de protéger les populations, les mettre à leur poste ?», s’est interrogé Pasteur Nicolas Nguérékoyamé-Gbangou, président de l’AEC.
Alors qu’une partie de la population réclame à cor et à cri la réhabilitation des FACA, le Rassemblement Patriotique pour le Renouveau de Centrafrique (RPRC), branche de l’ex-Séléka basée à Bambari, propose la refondation de l’armée nationale. Son chef d’état-major, le général Joseph Zoundéko, rejette purement et simplement l’idée du réarmement des FACA.
« Je proteste contre la réhabilitation des FACA pour des raisons suivantes : à chaque attaque au PK5, on retrouve les FACA avec leurs grades. Pour moi, je considère que ce sont les ex FACA qui combattent. Au lieu de réarmer les FACA, il vaut mieux sélectionner les ex-combattants Séléka et Antibalaka. Je demande à la communauté internationale de prendre ses responsabilités car ils ont une mission, instaurer la paix en Centrafrique, protéger les populations civiles. Aujourd’hui en Centrafrique, les musulmans et les chrétiens souffrent. Leur mission, c’est de sécuriser ces populations ».
Le Gouvernement dénonce l’ultimatum du CNT
Dans un communiqué gouvernemental publié jeudi 5 novembre 2015 à Bangui, l’exécutif de la Transition, à travers son porte-parole le ministre de la Justice Dominique Saïd Panguindji, qualifie la déclaration d’Alexandre Ferdinand Nguéndet, président du Conseil National de Transition CNT, d’accusation sans fondement.
« Se plaçant ostentatoirement au dessus de l’Exécutif, il accuse à tort d’incompétence et de haute trahison, devant la détresse du peuple centrafricain et les tueries à répétition. Le président du Conseil National de Transition a franchi le rubicond allant jusqu’à lancer au Gouvernement un ultimatum illégitime d’une semaine pour le réarmement immédiat des FACA, tout en essayant insidieusement de soulever la population et d’en appeler à la sédition des forces de défense et de sécurité de notre pays », a souligné le ministre de la Justice et porte-parole du gouvernement, Dominique Saïd Panguindji.
Selon le porte-parole du Gouvernement, la déclaration d’Alexandre Ferdinand Nguéndet est démagogique. « Demander de manière spectaculaire le réarmement des FACA est non seulement irresponsable et démagogique, mais c’est surtout ignorer les résolutions des nations Unies plaçant notre pays sous embargo et donc dans l’impossibilité d’acquérir ou de recevoir des matériels militaires au profit des forces de défense et de sécurité », relève le Ministre.
Par ailleurs, le porte-parole du gouvernement affirme que la déclaration du président du CNT témoigne des complots ourdis contre l’exécutif de la transition. « Ces agissements malheureux et opportunistes sont l’expression flagrante du complot qui continu d’être ourdi contre l’exécutif et le peuple centrafricain. Ils ont pour but d’empêcher les avancées positives vers le retour à l’ordre constitutionnel dans notre pays, sachant que ce retour à l’ordre constitutionnel mettra immédiatement fin aux ambitions démesurées de leurs auteurs et complices à l’avenir politique incertain », a conclu M. Saïd Panguindji.
Ouverture d’une procédure judiciaire par le barreau centrafricain
Le barreau centrafricain n’est pas resté en marge des derniers événements survenus dans le pays. Ses membres se sont réunis ce jeudi en assemblée générale. A l’issue de cette rencontre, ils ont mis en place un comité chargé de recenser les divers crimes et violences partant du 26 septembre 2015 en vue des procédures judiciaires.
« Nous avons, au sortir de cette assemblée générale, un comité ad-hoc mis en place avec des missions précises qui vont permettre d’avoir des éléments d’information sur les différentes exactions, les atrocités, les cas de violence graves qui ont été commis, les documenter pour nous permettre d’envisager les poursuites en justice même s’il le faut sur le plan international », a expliqué, Jean Hilaire Zoumaldé, bâtonnier des avocats centrafricains.