Près de 2 millions de Centrafricains se prononcent depuis ce matin par référendum sur le projet de la nouvelle Constitution, un scrutin qui précède la présidentielle et les législatives prévues le 27 décembre 2015 pour le 1er tour. Un scrutin référendaire menacé de boycott et émaillé de violences dans plusieurs secteurs.
Face à ces tentatives de boycott, la Cheffe d’Etat de Transition, Catherine Samba-Panza, a voté « OUI » au centre électoral de l’école Jean Colomb dans le 7e arrondissement. Catherine Samba Panza a déclaré qu’elle a assumé cette obligation en exemple de devoir de bon citoyen. Elle appelle les centrafricains à en faire autant. « Votez ! L’important, c’est d’exercer votre devoir civique en votant OUI au projet de constitution », a demandé Mme Samba Panza aux Centrafricains.
Des difficultés logistiques dans les préparatifs du scrutin et le contexte sécuritaire tendu ont entraîné des retards pour l’ouverture des bureaux de vote. Des dispositions techniques ont été prises malgré ces retards.
« Toutes les dispositions techniques sont prises depuis hier pour que le vote référendaire se passe dans la normale malgré le retard accusé ce matin. Le récépissé d’enrôlement, la carte d’identité nationale et le passeport sont autorisés », a précisé Etienne Ngaka, superviseur du centre de Lycée de Miskine.
Pour le représentant de l’ANE au centre de l’école Saint François Filles dans le 4e arrondissement, l’heure de la fermeture du bureau de vote pourrait être prolongée d’une heure en dépit du bon déroulement du vote.
« Nous avons démarré à 7h 00, nous allons décaler pour fermer au plus tard à 17h 00 », a indiqué Mme Aline Berthe Passiri, superviseur du centre de l’école Saint François Filles.
Dans l’Ombella M’Poko, certains électeurs du centre de l’école préfectorale de Bimbo (11 bureaux de vote), se plaignent de l’organisation de ce scrutin référendaire. « Nous avons rencontré beaucoup de problèmes. D’abord, les scrutateurs sont arrivés en retard. Ensuite, mon nom en tant que chef de groupe a été omis et je me suis réinscrit sur une liste additive. Aujourd’hui, c’est comme ça, que ferons-nous le 27 décembre », s’interroge Alphonse Kékévo, chef de groupe de Bimbo I.
Des faux pas
Aux premières heures de la matinée par exemple, des tirs à l’arme lourde et automatique ont été entendus et se sont poursuivis encore dans le 3e arrondissement précisément au PK5. Les auteurs de ces tirs entendaient ainsi boycotter le vote du référendum dans cette circonscription.
Cependant, une autre foule issue de ce secteur, hostile au mouvement d’opposition au vote, a improvisé une marche de protestation du PK5 au siège de la Minusca pour revendiquer le droit au vote.
« Nous revendiquons les urnes. Ce matin, nous étions au bureau de vote pour voter, il n’y a ni urnes ni force de sécurité. Hier le matériel a été déployé à l’école Koudoukou, mais ce matin, les responsables de l’ANE l’ont récupéré. Nous avons attendu jusqu’à 8h 00 en vain, c’est pourquoi nous avons marché pour atteindre le siège de la Minusca », a signalé Abdoul Salam.
Aux dernières informations, la Minusca a pu décanter la situation. Les matériels électoraux sont finalement redéployés et, les électeurs de PK5 ont commencé à voter dans certains centres rouverts.
Perturbations dans le 4e arrondissement
Un autre incident s’est aussi produit au quartier Gobongo dans le 4e arrondissement à la sortie nord de Bangui. L’explosion d’une grenade non loin du centre de vote installé dans l’enceinte de l’école Gobongo a semé la panique au sein des électeurs blessant trois d’entre eux.
« Nous sommes venus voter et quelques minutes seulement après l’ouverture du centre, une grenade a été balancée faisant trois blessés parmi les électeurs. Les victimes sont à l’hôpital », a témoigné un électeur qui a vécu les faits.
Les opérations de vote ont connu une petite perturbation à l’école chinoise à Boy-Rabe. Des hommes armés ont tiré dans le secteur pour boycotter le vote. Les forces internationales ont réagi pour permettre la poursuite des opérations.
Dans les provinces
Dans la Nana-Gribizi, la peur continue de gagner les électeurs de la ville de Kaga Bandoro, où le Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC) de Nourreldine Adam a finalement mis en application ses menaces de boycott de ces scrutins dans la circonscription.
Les hommes du FPRC, branche de l’ex-Séléka hostile au déploiement de l’administration ainsi qu’à l’organisation des élections dans la région, ont brulé et saccagé tous les matériels électoraux déployés dans ville.
« Les élections comme convenues n’ont pas eu lieu dans la ville de Kaga Bandoro. On nous a fait comprendre que le matériel électoral a été saccagé par des individus non connus mais qui seraient sans doute les éléments du FPRC qui ont brandi des menaces. On ne sait pas dans quel bureau de vote les gens vont aller voter. Nous ne constatons pas de patrouille régulière dans la ville. Nous croyons que la Minusca a pris des mesures au préalable pour arrêter ces genres d’agissement. Malheureusement, des mesures de sécurité n’ont pas été prises », a regretté Saad Ahmat Ali, porte-parole du Mouvement Patriotique pour le Centrafrique (MPC), une autre faction Séléka basée à Kaga-Bandoro.
Radio Ndeke Luka a appris qu’à Bossangoa dans l’Ouham, fief de l’ancien président François Bozizé, disqualifié de la course à la présidentielle, aucune opération de vote n’est organisée. Des hommes armés tirent depuis 4 heures du matin pour empêcher que le vote ait lieu. Le personnel humanitaire n’est pas sorti et, la population est restée terrer chez elle.
Tout le matériel de campagne d’une candidate aux législatives a même été saccagé par ces hommes armés. Des scènes de pillage sont aussi enregistrées. La ville est totalement paralysée