Que se passe-il réellement à Birao ? Qui contrôle effectivement cette grande ville du nord-est de la Centrafrique ? L’armée tchadienne participe-t-elle aux combats aux côtés des FACA, les Forces armées centrafricaines ? Autant de questions que se posent encore les observateurs en ce dimanche 28 novembre 2010, soit 5 jours après l’attaque de Birao par les éléments de la Convention des patriotes pour la Justice et la paix (CPJP)
Les autorités centrafricaines et la rébellion revendiquent chacun de son côté le contrôle de Birao et des sources dans les deux camps évoquent l’intervention de l’armée du Tchad voisin pour bombarder la ville.
Le porte-parole du gouvernement centrafricain, le ministre Fidèle Gouandjika, affirmait vendredi sur les ondes de Radio Ndeke Luka que « les positions rebelles ont d’abord été bombardées avant que les éléments des Forces armées centrafricaines au sol n’engagent la riposte pour le contrôle » de Birao, tombée le 24 novembre aux mains de la CPJP.
En ce moment, précisait-il, l’armée contrôle la ville et la reprise de Birao a fait plusieurs morts dans les rangs des rebelles ; l’armée continue de poursuivre les éléments de la CPJP en débandade.
Un responsable militaire centrafricain à Bangui a confirmé ces bombardements, évoquant en même temps un soutien apporté à l’armée centrafricaine par l’armée du Tchad voisin.
Mais à Ndjaména, aucun responsable ne souhaite s’exprimer sur ce soutien supposé de l’armée tchadienne aux FACA.
Du côté des rebelles, leur porte-parole, le Docteur Bevarrah Lala a réagi encore le 27 novembre soir : « Nous tenons toujours Birao même si le gouvernement centrafricain s’est arrangé avec le gouvernement tchadien pour envoyer en renfort l’aviation pour pouvoir nous pilonner ». Il précise même que huit obus sont tombés sur la ville et qu’il y a des pertes au niveau de la population civile.
Pour le Dr Lala, les autorités centrafricaines ont dû demander avec l’aide de l’aviation tchadienne faute de route praticable permettant aux FACA de relier dans de brefs délais Bangui à Birao, distantes de quelque 800 km.
Difficile en tous cas de dire avec précision quelle est la situation actuelle sur le terrain. Aucune source indépendante n’est joignable à Birao. Depuis l’annonce, mercredi dernier, de l’attaque de la ville, les communications téléphoniques sont coupées.
Une première réaction internationale a été enregistrée. A New York, Ban Ki Moon, Secrétaire général de l’ONU, a publié un communiqué le 27 novembre. Il condamne la récente attaque de la ville de Birao par les rebelles de la CPJP, moins de 2 semaines, précise le communiqué, après le transfert des 2 camps de la Minurcat (Mission des Nations Unies en Centrafrique et au Tchad) aux autorités nationales.
Le secrétaire général de l’ONU appelle toutes les parties concernées à faire preuve d’un maximum de retenue pour garantir la sécurité des civils, alors que les autorités nationales font des efforts pour restaurer la normalité, et garantir la paix et la réconciliation entre toutes les parties impliquées.
Ban Ki Moon réitère son appel à la communauté internationale, y compris aux partenaires bilatéraux de la RCA, à assister les autorités nationales dans leur entreprise de renforcement des capacités des forces de défense nationales, en vue de renforcer l’autorité de l’Etat à travers tout le pays.