Deuxième semaine du procès de Jean-Pierre Bemba. Le procureur va appeler à la barre un expert de viols et de crimes sexuels. L’interrogatoire portera notamment sur le viol comme arme de guerre.
Ce procès est un signal fort contre l’impunité et un soulagement pour les victimes mais aussi pour les associations qui dénoncent l’usage du viol comme arme de guerre. La CPI a ouvert pour la première fois une enquête qui relève quasi exclusivement de violences sexuelles. M. Bemba est accusé de s’être servi du viol comme d’une arme de guerre afin de terroriser la population et de la rendre malléable. Cette technique a également été employée en Bosnie-Herzégovine, lors de la guerre de 1992. Elle reste d’actualité en République démocratique du Congo, où plus de 200 000 viols ont été recensés depuis 1996, en Birmanie, en Colombie et dans bien d’autres pays dont la Centrafrique.
Le viol est utilisé par des groupes armés pour avoir accès aux richesses comme la terre. L’effet recherché est de terroriser les populations. Par le viol, les hommes armés humilient, dominent et intimident les communautés. Ils aliènent ainsi toute forme de résistance. Lorsqu’un village est attaqué et ses habitants tués, les survivants peuvent par la suite entamer un processus de deuil. Or lorsqu’il s’agit de viol, ce travail de deuil ne peut se faire et le village ne se relève pas de ces violences. Il suffit de violer une femme pour détruire une famille.
La sensibilisation au viol comme arme de guerre ne pourra fonctionner que si elle s’accompagne d’une lutte ferme contre l’impunité. C’est justement dans cette lutte que s’engage la Cour Pénale Indépendante avec ce procès de Jean Pierre Bemba.