Après la fin de la journée dramatique d’hier, l’imam de la mosquée Ali Babolo, Awadal Karim Mahamat, appelle les Centrafricains au calme et à la retenue.
« J’appelle au calme », a déclaré imam Awadal Karim Mahamat. Car « Face à qui est arrivé, il faudra tourner la page et aller de l’avant », a-t-il souhaité rejetant toute aggravation. Il condamne avec la plus grande rigueur les « représailles » qui selon lui ont conduit à la mort de certaines « personnes innocentes ». Il déplore par ailleurs ces actes qui ont coûté la vie à des innocents précisant avoir recueilli « quatre victimes » à la morgue de la mosquée.
Espérant que cela ne dégénère pas, l’imam Awadal Karim Mahamat, rassure que la vie a repris peu à peu avec la réouverture des commerces et du marché.
Rappel des faits
Le Pk5, grand quartier du 3e arrondissement, a été secoué mardi en fin de journée par des tirs à l’arme automatique. A l’origine, le décès de Youssouf Sy alias Big Man, successeur d’Issa Kapi surnommé 50/50.
Selon certaines sources contactées par Radio Ndeke Luka, cet homme recherché par la justice a été tué hier au cours d’une opération conjointe forces de sécurité centrafricaine – Minusca.
En représailles, ses éléments ont tiré à l’arme automatique pour manifester leur mécontentement. Il est par ailleurs encore prématuré de donner un bilan exact des dégâts humains et matériels. D’après des témoins, les exactions ont fait des morts parmi lesquels, Jean Paul Sankagui, journaliste, ancien Haut conseiller en communication et pasteur de l’Eglise Christ de Ramandji, incendiée au cours des évènements. Il y aurait également eu plusieurs blessés par balle.
La Minusca a mis en place un dispositif sécuritaire pour prévenir un regain de tension.
Retour des déplacés à l’aéroport Bangui M’Poko
Les tirs d’arme de ce mardi au Pk5 ne sont sans conséquences sur les populations civiles. Plusieurs habitants du secteur, qui avaient regagné leurs domiciles, sont repartis sur le site de l’aéroport Bangui-M’Poko.
Plusieurs centaines de personnes (hommes, femmes et enfants) sont de nouveau à proximité du tarmac. Sans abris de fortune, l’image est désolante. Assis sur des nattes sous les manguiers, les assiettes et les habits par terre, tous déplorent leurs conditions de vie. Ces déplacés ne réclament qu’une chose : le désarmement des groupes armés de Pk 5.
« L’incident qui s’est produit hier est lié au travail de la gendarmerie. Après, les hommes armés ont commencé à tirer. Ils ont même brûlé nos maisons. Qu’on désarme Pk5 », a fait savoir l’un d’eux sous couvert de l’anonymat.
Jean Serge Bokassa, ministre de la Sécurité publique et Virginie Mbaïkoua, des Affaires sociales ont visité ces déplacés. Les appelant au calme, le ministre Bokassa a rassuré que des dispositions sont en train d’être prises pour sécuriser le Pk5 afin de favoriser leur retour chez eux.
« Je voudrais rappeler toutes les communautés et la population en général au calme et au soutien de l’action de nos forces de sécurité intérieure ».
Cette nouvelle violence s’installe alors que de nombreux déplacés avaient déjà regagné leurs quartiers respectifs suite à l’opération de déguerpissement initiée par le gouvernement.