Le Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC) de Nourredine Adam assure avoir pris le contrôle de la ville d’Ippy (113 Km à l’est de Bambari) après la frappe aérienne de la Minusca. Une information non encore confirmée par des sources indépendantes. Entretemps, la situation est encore confuse sur le terrain.
Le mouvement confirme la mort de son chef d’état major, le général Joseph Zoundéko, tué ce samedi après-midi dans l’attaque d’un hélicoptère onusien. La riposte de la force de l’ONU visait à stopper la progression des hommes du FPRC qui ont franchi la « ligne rouge » imposée à quelques Kms d’Ippy.
Azor Kalité, sous chef d’état-major du FPRC accuse la Minusca de complicité avec l’UPC. « La Minusca a utilisé sa force aérienne hier à 28 Km entre Ippy et Mbroutchou lors de notre progression pour conquérir et libérer la population. Ils ont utilisé des avions pour appuyer physiquement et matériellement les éléments de l’UPC ».
Le sous chef d’état-major précise que « de notre côté, il y a eu deux morts parmi lesquels le général Joseph Zoundéko. Trois hommes sont tués et cinq femmes blessées au sein de la population civile. Des maisons sont aussi brûlées ». L’homme promet d’aller jusqu’au bout « tant qu’Ali Ndarras est en vie, nous allons progresser jusqu’à Bambari ».
Azor Kalité relève que le FPRC n’a qu’une « seule ligne rouge à respecter, c’est de ne pas s’en prendre aux populations civiles et prendre leurs biens ». Qualifiant la ligne rouge de la Minusca « d’imaginaire », il promet de combattre ses positions en cas d’une prochaine attaque contre ses hommes.
Réaction imminente de la Minusca
Le général Bala Kéïta, commandant de la force onusienne rejette ces accusations, soulignant le rôle de la mission dans le pays : « Nous sommes venus ici pour aider le peuple centrafricain à retrouver la paix. Il n’y a que ça qui intéresse toutes les troupes qui sont venues ».
Il précise par ailleurs : « on ne connaît ni les gens du FPRC ni ceux de l’UPC. Ils ne nous intéressent pas en tant que groupe armé. La seule relation que nous avons avec eux, c’est de leur dire chers frères, nous sommes venus ici pour vous aider à vous parler, à vous retrouver ».
Pour l’ONU, la violation de la ligne rouge est considérée de facto comme une agression militaire. Car, l’expérience de la ville de Bria a laissé des stigmates « drame humain, des milliers de déplacés, des dizaines de tués » et cela ne pouvait de répéter. La Minusca insiste sur le fait « qu’aussi longtemps que Bambari demeurera Bambari, on fera tout pour que les populations ne puissent pas vivre cette situation ».
A Bambari, malgré cette tension à Ippy, la population vaque librement à ses occupations. Elle s’inquiète cependant du départ du contingent Gabonais du site des déplacés de la gendarmerie.
FPRC arrêté dans sa progression vers Ippy
Plus de 300 éléments de la coalition du Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC) de Nourredine Adam ont été interceptés ce samedi 11 février par un raid aérien de la Minusca. Leur tentative de marche sur Bambari a été stoppée au village Ngawa I à 12 kilomètres de la ville d’Ippy.
« La ligne rouge malheureusement a été franchie. Nous avons exécuté le plan et avons engagé les troupes qui avaient dépassé cette ligne par le feu », a précisé le général Bala-Kéïta, commandant de la force ajoutant que « le bilan » devra être connu « dans quelques jours ».
Pour lui, les hommes du FPRC vont rencontrer plusieurs de ces lignes et à chaque fois qu’ils tentent de les franchir, ce sera toujours la même réaction jusqu’au moment où chacun va revenir à la raison. Il existe « d’autres manières de régler les problèmes de ce pays que de toujours attaquer les uns les autres et surtout de faire souffrir les populations » a martelé le comforce de la Minusca.
Par la voix de Vladimir Montéïro, porte parole de l’institution onusienne, « le Représentant spécial se félicite de l’engagement de la coalition du FPRC de ne pas s’attaquer aux forces internationales, au personnel des Nations Unies et aux humanitaires ».
Parfait Onanga Anyanga, « tient à rappeler que toutes agressions pourraient constituer un crime de guerre passible de poursuite par les tribunaux nationaux et internationaux » et « appelle tous les acteurs nationaux, régionaux et internationaux, susceptibles de faciliter le retour de la paix en RCA de doubler d’efforts afin que triomphent la paix et la stabilité, le respect de la légitimité constitutionnelle et la réconciliation nationale ».
Le FPRC et l’UPC s’affrontent depuis plusieurs mois dans les régions de la Haute Kotto et de la Ouaka pour le contrôle de ces territoires.