Les violents combats qui ont opposé à Zémio le 17 août dernier des groupes d’auto-défenses à des peuhls armés soutenus par des mercenaires venus du Soudan voisin ont fait fuir les populations. Alors que certains ont trouvé refuge en brousse, d’autres ont traversé de l’autre côté de la rive en RD Congo. « La gendarmerie, l’hôpital et même les locaux de certaines ONG de Zémio ont été pillés », selon les informations recueillies par RNL.
48 heures après les affrontements, c’est-à-dire le 19 août, une équipe de l’ONG MSF qui s’est rendue à Zemio pour prêter main forte à l’équipe en place a été désagréablement surpris. « Quand nous sommes arrivés, nous avons trouvé l’hôpital vide et pillé. Les portes avaient été défoncées, le matériel volé. Les 7 000 déplacés qui s’y étaient réfugiés depuis fin juin avaient disparu, probablement en brousse ou au Congo, », a expliqué Josh Rosenstein, coordinateur adjoint de l’équipe MSF de Zemio dans un communiqué dont RNL a obtenu copie.
« Nos collègues nous ont rapporté que les corps de 11 personnes avaient été retrouvés vendredi dans l’enceinte de l’hôpital. Ceci dénote, une fois de plus, que le minimum d’humanité est en train de disparaitre de ce conflit et que même des lieux de soins, qui devraient être respectés de tous, ne le sont plus », a –t-il indiqué.
Effet contagion
Ce mercredi matin sur RNL, le député de la première circonscription électorale de Obo dans le Haut-Mbomou, Ernest Mizédio a demandé au gouvernement centrafricain de sortir de son « mutisme pour agir rapidement et vigoureusement », afin-dit-il de « barrer la route à cette menace qui s’observe dans le Haut-Mbomou ».
A propos justement de cette menace, l’élu d’Obo 1 craint que la « ville de Zémio ne puisse servir de « base arrière aux rebelles venus de Nyala au Soudan et du Tchad » pour déstabiliser tout le Haut-Mbomou.
Pour Ernest Mizédio, ces « éléments parmi lesquels se trouvent des peuhls communément appelés Ouda qui ne parlent ni sango ni français sont en train de se regrouper à Zémio pour former leur base arrière ». Il craint alors que le mutisme du gouvernement et la passivité de la Minusca ne puissent déterminer « ces éléments nuisibles », à vouloir étendre leur influence en tentant de s’en prendre « aux populations de Zémio, Mboki et remonter sur Obo ».
D’où nécessité selon lui pour le gouvernement de « prendre ses responsabilités afin d’envoyer au plus vite dans la région, des Forces Armées Centrafricaines (FACA) ».
C’est depuis le 11 juillet 2017 que MSF a réduit ses activités à l’hôpital de Zemio lorsque deux hommes armés ont ouvert le feu dans l’établissement, tuant un « bébé dans les bras de sa mère ». Depuis cette date, indique Josh Rosenstein, « MSF négocie avec les groupes armés un minimum de sécurité pour les patients et le personnel médical de Zemio afin de pouvoir élargir ses activités », mais pour l’instant, précise-t-il, « la situation ne nous a pas permis de le faire ».