Le quatrième témoin présenté par le procureur dans l’affaire intentée contre Jean-Pierre Bemba devant la Cour pénale internationale (CPI) a poursuivi sa déposition, les 12 et 13 janvier 2011. Le témoin est une femme qui bénéficie de mesures de protection. Son audition a été entrecoupée d’un très grand nombre de huis clos.
D’après les éléments entendus en public, le témoin affirme être la victime directe d’une attaque perpétrée par les « banyamulenge », les hommes de Jean-Pierre Bemba. Fin octobre 2002, suite à l’attaque de son quartier de Bangui par des tirs de mortiers, elle avait été violée par quatre miliciens, tandis que son frère était assassiné. C’était la nuit. « Ils m’ont fait sortir dehors, à côté de la maison, au niveau de l’ancienne latrine et c’est à ce niveau là qu’ils m’ont violé », a-t-elle raconté à la barre.
Selon le témoin, les hommes portaient l’uniforme de la Garde présidentielle centrafricaine, mais étaient des « banyamulenge ». C’est sous cette appellation qu’étaient désignés par la population les miliciens envoyés par Jean-Pierre Bemba.
Au cours du contre-interrogatoire du témoin, maître Nick Kaufman, l’un des avocats de l’accusé, a contesté qu’il s’agissait de soldats à la solde de son client. « Si c’était des militaires centrafricains qui portaient l’uniforme, je les aurais reconnus, a rétorqué le témoin. Ils ne parlaient pas la langue de notre pays. Ils parlaient la langue des Banyamulenge, ils parlaient le Lingala » a affirmé le témoin, qui s’exprimait en sango, la langue nationale de la Centrafrique. L’avocat de la défense a aussi suggéré que les souvenirs du témoin avaient été involontairement influencés par les récits d’autres personnes, entendus après les événements.
Tout au long de l’audience, Jean-Pierre Bemba, qui porte des lunettes, a suivi attentivement la déposition du témoin. Celle-ci se poursuivra encore vendredi 14 janvier. Lundi prochain 17 janvier, à la reprise, le procureur doit présenter son cinquième témoin.
Le procès de Jean-Pierre Bemba s’est ouvert le 22 novembre 2010. Il est accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour viols, meurtres et pillages commis par ses miliciens, envoyés en Centrafrique d’octobre 2002 à mars 2003 pour soutenir le président d’alors, Ange-Félix Patassé, menacé par une rébellion.