Dépenser d’importantes sommes d’argent durant une campagne électorale est-il une condition suffisante pour remporter une élection ? Il est fréquent d’entendre que le succès électoral revient toujours au candidat le plus riche. L’argent est tantôt considéré comme susceptible de travestir la vie politique, tantôt d’affaiblir la morale de la démocratie, tantôt d’accélérer les mouvements de corruption ou encore d’orienter les choix de politiques. La campagne électorale en cours en Centrafrique n’échappe pas à la règle. Il est question d’argent, plus précisément du financement des activités de campagnes des partis politiques et des candidats. Ceux-ci utilisent tous les moyens qui leur sont accessibles pour gagner la confiance d’un maximum d’électeurs.
Des kits et gadgets publicitaires sont certes distribués aux populations, lors des visites de proximité. Mais il est aussi indéniabale que d’importantes sommes d’argent circulent, des candidats aux militants et aux sympathisants, ou encore aux associations de quartiers, de femmes, de jeunes. Sans oublier les relais d’opinion que sont par exemple les chefs de quartier, responsables d’association et autres.
Si la distribution de matériel électoral comme les T-shirt et autres gadgets se fait au grand jour, il semble que la remise de sommes d’argent plus ou moins importantes, se fait plut^to de manière discrète. De nombreux centrafricains interrogés par Radio Ndeke Luka affirment avoir reçu des candidats qui parcourent depuis 5 jours les quartiers de Bangui, des savons, du riz, des tee-shirts, des casquettes et autres.
Cette méthode pour mobiliser les populations peut-elle réellement influencer le choix responsables des électeurs ? Les avis sont divergents. Quoiqu’il en soit, toutes les personnes approchées dans la rue par le reporter de Radio Ndeke Luka reconnaissent que cette pratique a été souvent utilisée en République centrafricaine, pendant les périodes de campagne électorale.
Ici comme ailleurs en Afrique, la place de l’argent en politique a toujours constitué un sujet d’intérêt. La multiplicité de scandales financiers suggère que l’argent et la démocratie nouent des relations dangereuses.
On peut observer que les montants financiers nécessaires pour mener une campagne sont susceptibles de discriminer des candidats compétents mais sans ressources. Ensuite les sources de financement du personnel politique peuvent donner lieu à toute sorte de dérive ayant souvent pour conséquence un détournement des électeurs des affaires publiques caractérisé par une faible participation aux scrutins nationaux.
Cette montée en puissance de l’argent dans la campagne électorale en cours en Centrafrique pose donc un double enjeu: l’argent est-il nécessaire au processus démocratique et le cas échéant l’argent fait-il le bonheur électoral ?