Des nouvelles du procès de Jean Pierre Bemba à la Haye. Un cinquième témoin a été appelé hier à la barre par l’accusation. Il s’agit du témoin 68, une femme violée qui fait aussi partie des 1312 victimes représentées dans le procès par des avocats. Elle a commencé une déposition qui va durer 4 jours et à la barre elle a à ses côtés un psychologue.
Le témoin 68 a raconté avoir dû fuir sa maison, fin octobre 2002, lors de l’attaque de son quartier. « Sur le chemin, nous avons croisé des soldats. L’un d’entre eux a saisi ma belle-sœur, l’autre a pris le colis que j’avais sur la tête. Ils m’ont emmenée à l’intérieur de la concession. Ils ont commencé à me violenter. Un premier banyamulenge a réussi à arracher mon pagne. Ils ont déposé leurs armes par terre. Un autre a mis les pieds sur mes mains et m’a menacé avec une arme. Ils m’ont fait très mal. Aujourd’hui, chaque fois que je vois un soldat en arme, je retrouve la même sensation que j’avais ».
Lors du contre-interrogatoire, Maître Peter Haynes, l’un des avocats de Jean-Pierre Bemba, a tenté de contester la validité du certificat médical présenté à la Cour. Il a aussi souligné que les victimes s’étaient rencontrées, tentant d’établir qu’elles avaient partagé leurs témoignages. Le témoin a alors protesté : « On ne tenait pas de réunions pour échanger sur ce qui nous était arrivé, il n’y avait pas de forum pour raconter nos expériences ».
Le procureur a ensuite appelé un nouveau témoin à la barre, qui a commencé à déposer sur les combats entre d’une part, les rebelles de François Bozizé, et d’autre part, l’armée gouvernementale centrafricaine et les miliciens de Jean-Pierre Bemba.
Jean Pierre Bemba, rappelons-le, est jugé pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Centrafrique en 2002 et 2003.