Dans un communiqué de presse rendu public le 9 mars, Médecins Sans Frontières (MSF), a révélé un viol de masse commis par des hommes armés sur une dizaine de femmes près de Kiriwiri, un village situé à 56 kilomètres de Bossangoa dans l’Ouham. Admises à l’hôpital de Bossangoa où elles sont prises en charge par le personnel de MSF, elles ont indiqué que l’attaque au cours de laquelle elles ont été violées s’est déroulée le 17 février.
La dizaine des « survivantes », comme les considère MSF, ont expliqué « qu’elles étaient avec un grand groupe de femmes dans la brousse en train de collecter de l’eau, de nettoyer des vêtements et de s’occuper de leurs récoltes lorsque des hommes en arme les ont prises en otage ». Selon leurs témoignages, certaines d’entre elles ont réussi à « s’enfuir », tandis que d’autres ont été « enlevées et emmenées au camp du groupe armé, où elles ont été violées à de multiples reprises avant d’être remises en liberté ».
Traumatisme
« Les femmes que nous avons reçues réagissaient différemment à cette situation, mais toutes étaient très traumatisées. Certaines étaient totalement sous le choc et présentaient des plaies ouvertes à l’arme blanche, d’autres paralysées par la peur ou dans l’incapacité de parler de l’incident « , indique MSF dans son communiqué. Des premiers soins suivis de soins gynécologiques, de vaccins contre le tétanos, les hépatites et un soutien psychologique leur a été apporté par les membres de l’équipe MSF.
La dizaine de survivantes indiquent également que plusieurs autres victimes de ce viol collectif sont restées au village, par peur d’être « stigmatisées ». Elles craignent ainsi leur « exclusion » de leur communauté au cas où elles s’affichent comme survivantes.
Le chef de mission de MSF en RCA Paul Brockmann se dit « choqué et très attristé par ce viol de masse« , tout comme il se dit « particulièrement inquiet au sujet des nombreuses femmes toujours sans assistance qui ont besoin de soins médicaux de toute urgence ».
Selon MSF, cette attaque suivie de viols collectifs est la conséquence de cette nouvelle vague de violences qui a éclaté fin 2016 et qui se poursuit encore.
Statistiques
Cette organisation humanitaire avance des statistiques alarmantes en ce qui concerne les cas de viols et agressions sexuelles commis par les groupes armés. De septembre 2017 à aujourd’hui, MSF a déjà enregistré, « 56 victimes à Bossangoa ». Un chiffre en hausse par rapport aux 13 victimes soignées par MSF entre janvier et août 2017 dans cette localité.
A Bangui notamment à l’hôpital SICA, les équipes de MSF ont, en moyenne soigné « 300 survivantes » de viols et d’agressions sexuelles par mois, peut-on lire dans leur communiqué.