Dans une interview exclusive accordée ce 15 mars à RNL, le Conseil Inter ONG en Centrafrique (CIONGCA), dénonce la décision du président tchadien de délocaliser provisoirement le siège de la CEMAC pour la Guinée Équatoriale. Selon Célestin Ngakola, président de cette plateforme de la société civile, une telle décision impacterait fortement l’économie centrafricaine.
Manque à gagner pour l’économie
« Nous ne sommes pas particulièrement d’accord avec ce projet de délocalisation du siège de la CEMAC », déclare M. Ngakola. La RCA – ce pays en crise, devrait selon lui bénéficier de « l’appui des autres pays de la communauté pour se relever, et cette délocalisation va avoir des impacts sur l’économie centrafricaine ».
Tout comme le président du CIONGCA, des observateurs interrogés par RNL se posent la question sur les dessous de cette décision et précisent qu’elle va « négativement impacter l’économie de la RCA ». Aujourd’hui, précisent-ils, la CEMAC contribue pour plus de 800 millions de Fcfa mensuellement dans l’économie centrafricaine et embauche au niveau local plus de 100 travailleurs qui seront contraints au chômage.
« Les enjeux sont tellement importants », selon Célestin Ngakola qui demande urgemment aux autorités centrafricaines de réagir pour trouver une « solution à cette situation ».
Mais sur le plan politique, cette délocalisation du siège de la CEMAC ne semble pas être une priorité. Jusqu’à ce jour, ni la diplomatie centrafricaine ni la Présidence de la République n’ont réagi.
Un symbole politique fort
La réinstallation il y a 4 mois était considérée comme un symbole politique fort de retour de la stabilité de la RCA après 5ans de conflit, et un véritable appel pour les investisseurs. Cette nouvelle crée une vraie frustration au sein de la population de la Capitale qui n’arrive pas à comprendre pourquoi, 4 mois seulement après son retour à Bangui, la commission de la CEMAC devrait quitter à nouveau Bangui pour Malabo.
Des citoyens interrogés par RNL n’approuvent pas cette décision de délocalisation. Selon eux, le pays – notamment la Capitale n’est plus en guerre comme à l’époque où l’insécurité régnait. D’autres voient une « faiblesse de la diplomatie centrafricaine qui n’a pas été en mesure de plaider pour le maintien de cette institution communautaire à Bangui ».
Pourquoi délocaliser le siège de la CEMAC ?
La décision a été prise le 19 février au cours d’une réunion tenue en Guinée Équatoriale. Le président tchadien qui est en même temps président en exercice de la CEMAC, Idris Deby ITNO a avancé comme raison que les infrastructures actuelles et la situation de la RCA ne permettent pas aux fonctionnaires de la CEMAC « de remplir leurs obligations dans les conditions optimales ».
Le président en exercice de la CEMAC a ajouté qu’il voudrait faciliter la « réhabilitation préalable des infrastructures et des équipements abandonnés à la suite de la crise sociopolitique survenue dans le pays » .
Mais certaines sources remettent pourtant en cause les motifs soulevés par Idriss Déby Itno. Ils indiquent que la République Centrafricaine a honoré l’ensemble de ses engagements. Son versement de près de 200 millions de Fcfa au titre de la taxe communautaire d’intégration devrait permettre aux président et vice-présidents de la Commission de la CEMAC d’avoir leur logement de fonction et de quitter les hôtels qu’ils occupent actuellement aux frais du Trésor public centrafricain.
La CEMAC regroupe 6 pays: Cameroun, Congo, Centrafrique, Gabon, Tchad et Guinée Équatoriale. Ses prérogatives sont de faciliter la libre circulation des personnes, les échanges économiques entre les pays de la communauté et soutenir la stabilité politique de la sous-région.