Les victimes de la crise centrafricaine toujours au centre de préoccupations de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme. L’organisation de défense des droits de l’homme a présenté mardi 12 juin 2018 à Bangui aux partenaires nationaux et internationaux des témoignages vidéo et audio des victimes de la crise.
Pour le président de la LCDH, Joseph Bindoumi, les victimes peuvent déjà compter sur la Cour pénale spéciale engagée à ne pas les décevoir.
« Nous avons invité les institutions de la République, la Cour pénale spéciale, la Minusca et les autres organisations pour que nous puissions à nouveau parler des victimes. Nous avons fait passer une vidéo qui a retracé les souffrances que nos populations ont reçu. Nous avons entendu des témoignages directs de certaines victimes. Aujourd’hui après les débats, nous pouvons penser que nous avons parlé des victimes et dit à nos partenaires internationaux qu’il doivent faire quelque chose à leur intention« .
La Cour pénale spéciale a assuré « se mettre immédiatement au travail » et affirme disposer « déjà de beaucoup de dossiers et une liste de personnes recherchées« . Joseph Bindoumi a indiqué que « la Minusca a donnée des pistes d’assistance aux victimes« , signe d’espoir pour la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme.
La LCDH a organisé cette réunion de présentation des témoignages vidéo et audio en partenariat avec l’ONG internationale Cordaid.
Mécontentement à Sibut après l’acquittement de Jean Pierre Bemba
La population de la ville de Sibut dans la Kémo, victimes des atrocités des soldats de Jean Pierre Bemba (les Banyamulégé) se dit déçue de la décision rendue par les juges de Cour pénale internationale.
Alors que les victimes réclament toujours de cette haute juridiction une réparation, Jean Pierre Bemba le chef du MLC, a été acquitté de sa condamnation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité le 8 juin 2018. Les propos de certains hommes de la rue ont été recueillis par notre correspondant à Sibut Aristide Rocard Maléyo.
« Une telle décision, je la respecte pour ce qu’elle est du point de vue du droit. La décision de la Cour d’appel de la CPI est une grande déception pour cette grande masse silencieuse à laquelle on devait faire justice, elle reste là sur sa faim déçue comme tout et finalement elle va perdre foi en la justice« , a fait savoir un homme interrogé sur la question.
« Moi même je m’inquiétais parce qu’ils ont mis une démarche en place qui devait réparer tout ce que les éléments de Jean Pierre Bemba ont détruit. Mais subitement, il est libéré, comment allons-nous faire, nous victimes ?« , s’est interrogé une dame estimant qu’il « appartient à la justice de réfléchir dès maintenant« .
La consternation sur la libération du chef de fil du MLC est aussi partagée par un agriculteur de Sibut. « C’est la désolation. Tout le monde sait que Jean Pierre Bemba est le bourreaux du peuple centrafricain et précisément la population de Sibut. Aujourd’hui, c’est avec beaucoup d’amertume que les gens ont appris cette nouvelle et ils ont perdu confiance en la justice internationale« .
Jean Pierre Bemba Gombo condamné à une peine de prison 18 ans par la CPI avait déposé un recours auprès des juges d’appel pour diminuer sa peine.