Batangafo, localité située au nord de la République Centrafricaine laisse les stigmates des scènes de violences ayant contraint des milliers de personnes à quitter les sites de déplacés suite au combat entre deux groupes rivaux Antibala et Séléka fin octobre 2018.
Face à cette situation, les réponses d’urgence humanitaire s’organisent à plusieurs niveaux. En attendant, l’heure est à l’évaluation de la situation avant l’assistance. C’est le cas du gouvernement et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui tentent d’apporter de l’aide aux personnes vulnérables.
A première vue, une bonne partie de la population se trouve dans la brousse sans abris. Un chef de ménage sur le nouveau site de l’hôpital de Batangafo avec sa famille témoigne » ils ont brulé ma maison qui se trouve sur le site, nous nous trouvons sur le site de l’hôpital dépourvus de tout, nous ne pouvons pas aller au champ, il est difficile de vivre ici » a-t-il raconté.
Les dégâts de ces dernières violences ne sont pas que humains, ils sont aussi matériels. L’état civil de Batangafo est aussi touché, difficile pour les enfants après ces affrontements d’avoir leur acte de naissance. Une situation préoccupante pour le Maire de Batangafo qui appelle à l’aide. » La Mairie étant saccagée, donc difficile en ce moment d’établir les actes d’état civil. Il n’y a pas de registre, impossible dans cette condition de couvrir les frais du Tribunal pour rétablir les jugements supplétifs. Nous demandons au gouvernement de prendre en compte tout cela« , a appelé le premier citoyen de la ville de Batangafo.
Si tout est à reconstruire dans cette ville, l’urgence pour le gouvernement est de rassurer les personnes touchées. Pour Juliana Mboy Yodiam représentante de la ministre des Actions Humanitaires » L’urgence est d’abord la situation d’abris, ensuite des vivres et des non vivres et enfin chercher à atteindre ceux qui sont dans la brousse où nous n’avons pas encore une idée claire de leur situation« , a projeté Juliana Mboy Yodiam, avant d’ajouter que les informations seront remontées à la hiérarchie pour une prise de décision.
Sur le site de l’hôpital, les acteurs humanitaires travaillent et enregistrent les enfants touchés de la malnutrition, de l’anémie et du paludisme. Entretemps, le nombre des enfants couverts par ce dispositif est inquiétant pour Pierre Somsé, ministre centrafricain de la Santé. « En temps normal, les hôpitaux accueillent environ 1000 enfants touchés du palu. Avec la crise, ce n’est que le 1/10e qui est enregistré. Cela explique que 900 enfants sont dans la nature avec une forte probabilité de malnutrition » a-t-il déploré avant d’annoncer que « les dispositions sont prises pour des examens cliniques des enfants durement frappés par le paludisme au Complexe pédiatrique de Bangui« .
L’OMS qui a déjà envoyé des kits sanitaires à Batangafo se félicite des actions menées jusque là. » Nous travaillons en synergie avec les partenaires qui sont sur le terrain et qui prennent en charge les personnes » a lâché Dr Séverin Ritter Von Xylander, représentant de l’OMS en Centrafrique.
Difficile cependant de joindre Batangafo car les lignes téléphoniques sont coupées. Les personnes affectées demandent le redéploiement des forces de défense et de Sécurité. Le premier bilan dressé mercredi 7 novembre 2018 par Najat Rochdi, coordonnatrice humanitaire relève qu’environ 30.000 personnes déplacées et 7.100 habitations détruites.