Homme d’affaire, politique puis chef de guerre, Patrice Edouard Ngaïssona visé par un mandat d’arrêt émis par la Cour Pénale Internationale le 7 décembre 2018, est arrêté en France alors qu’il était en mission. Son parcours est un dossier exclusif de Radio Ndeke Luka
Né le 30 juin 1967 dans le faubourg de Bégoua à la sortie nord de Bangui, Patrice Edouard Ngaïssona est issu d’une famille modeste. Son père Raymond Ngaïssona fut commis de l’Etat, aujourd’hui admis à faire valoir ses droits à la retraite. Il a commencé ses études primaires à l’école Ndress 1 dans le 4e arrondissement de Bangui puis au lycée Barthélémy Boganda où il a eu son Brevet d’Etude du Premier Cycle (BEPC).
Très vite, Patrice Edouard Ngaïssona est admis au collège technique de développement rural de Ngoulinga à Grimari (Ouaka) dans le centre du pays. Inspecteur des Eaux et Forêt, Patrice Edouard Ngaïssona a renforcé son cursus pour être ingénieur des Eaux et Forêts.
Après un parcours qui n’a pas duré, il va demander et obtenir en l’an 2000, une mise en disponibilité et s’engage dans les affaires. Quelque mois plus tard, il sera arrêté dans une affaire de blanchiment d’argent avec Eric Sorongopé, alors ministre des Finances et du Budget avant d’être relâché.
Suite au coup d’Etat de François Bozizé le 15 mars 2003, Patrice Edouard Ngaïssona a fait partie des ténors de la convergence ayant porté François Bozizé au pouvoir en 2005 à l’issue des élections groupées où lui aussi, sera élu pour la première fois, député du 4e arrondissement face à Me Nicolas Tiangaye.
En 2008 Edouard Patrice Ngaïssona, président du club Stade Centrafricain (SCAF) a été plébiscité à la tête de la fédération centrafricaine de football, il y sera aussi réélu et portera le flambeau du football centrafricain au niveau de l’UNIFFAC en juin 2017.
En 2011, il sera réélu député de Nana Bakassa d’où ses parents sont originaires. Au bénéfice de l’accord de Libreville entre François Bozizé et les rebellions du pays, Patrice Edouard Ngaïssona va entrer au gouvernement début 2013 et occuper le portefeuille de la Jeunesse et des Sports. Après deux mois de gestion, il va prendre le chemin de l’exil suite au renversement du régime de transition piloté par Bozizé et Tiangaye.
En janvier 2014, Patrice Edouard Ngaïssona fera parler de lui au plus fort de la crise où il rentre au pays et revendique la paternité des groupes Antibalaka qui avaient lancé les hostilités contre les Séléka à travers le pays le 5 décembre 2013.
Ces violences aux relents communautaires ont fait plusieurs morts et des dégâts matériels énormes. Plusieurs milliers de personnes sont contraints de quitter leur pays.
Sa posture n’étant pas compatible à celle de François Bozizé, il va divorcer du KNK pour créer sa formation politique le Parti Centrafricain pour l’Unité et le Développement (PCUD). Il a tenté d’être candidat à la présidentielle et aux législatives de 2015 sous la bannière de ce parti, mais sa candidature a été invalidée par l’Autorité Nationale des Elections.
Cependant, quelques combattants militants de ce parti se sont fait élire au parlement. C’est le cas de Alfred Yékatom Rombho arrêté le 29 octobre et transféré à la CPI le 17 novembre 2018. Mr Ngaïssona était l’un des principaux soutiens de Faustin Archange Touadéra au second tour de la présidentielle de 2016 face à Anicet Georges Dologuélé.
L’homme est dans le monde des affaires notamment président de l’établissement qui porte son nom. Son entreprise est active dans le bâtiment, les micros-finance etc.
Son arrestation ce 12 décembre 2018 par les autorités françaises sonne comme un rouleau compresseur contre les criminels présumés. À Bangui, les autorités judiciaires refusent pour le moment de commenter l’arrestation. La réaction des cadres de son parti est attendue dans les heures qui suivent.