Pour près de 5 millions d’habitants répartis sur 623.000 Km², la République Centrafricaine ne dispose que de deux morgues fonctionnelles à Bangui, la capitale. La capacité d’accueil dans ces services hospitaliers est insuffisante. Les parents n’ont que 72 heures comme délai de conservation des corps dans les chambres froides.
Deux morgues sur trois sont opérationnelles à Bangui, celles de l’hôpital communautaire et de l’hôpital de l’Amitié. Après sa réhabilitation, la morgue du Centre National Hospitalier Universitaire de Bangui (CNHUB) est exclusivement réservée à la Cour Pénale Spéciale pour l’examen des corps exhumés dans le cadre de ses enquêtes. Du coup, la faible capacité d’accueil des deux autres n’offre pas la possibilité aux parents de conserver le plus longtemps possible les dépouilles mortelles.
« Aujourd’hui, le gouvernement est capable d’acheter des voitures de luxe. S’il pouvait investir cette somme dans la construction de trois ou quatre morgues, ce serait mieux« , s’est plaint Jean François Ngbénou venu sortir le corps de son défunt frère.
« La naissance d’un être humain est un moment merveilleux, on doit en faire autant le jour de sa mort« , a fait savoir Marceline qui vient de perdre son garçon à l’hôpital Communautaire. Faute de place, trois à quatre corps sont entassés dans un même casier expliquant que « ce n’est pas normal« , a-t-elle déploré.
A l’hôpital de l’Amitié, l’ordre semble revenir suite aux travaux de réfection sur les installations de la morgue. Ce service hospitalier dispose d’une capacité d’accueil de plus de 100 places selon le responsable de la morgue George Philippe Binguixola.
Docteur Luc Salva Erédeïbona, directeur de l’organisation des soins et de gestion de l’espace hospitalo-universitaire, fait une autre lecture de la situation. « Hôpital Amitié et hôpital Communautaire réunis, nous pouvons enregistrer 200 corps. En terme de capacité d’accueil, il n’y a pas encore de problème« , a-t-il rassuré.
Pour le médecin, le délestage récurent reste la difficulté qui affecte le fonctionnement normal des morgues. « Si l’électricité n’est pas d’une manière continue, le fait d’entasser les corps diminue la capacité de stabilisation« , a justifié Docteur Luc Salva Erédeïbona.
Bien que les morgues sont du ressort de la municipalité, Emile Gros Raymond Nakombo, maire de la ville de Bangui,appelle les centrafricains à les créer de manière privée pour satisfaire la demande.
« L’Etat, c’est chaque citoyen qui prend ses charges sur lui-même. Nous devons nous acquitter de quelques dépenses qui vont dans la caisse publique pour que l’Etat à son tour nous soutienne« , a-t-il conseillé.
Face à ce problème de capacité d’accueil, le Ministère de la Santé Publique a pris des mesures accordant aux parents 72 heures pour la conservation des corps.