Les policiers centrafricains sont montés au créneau pour dénoncer une décision des autorités de Bangui confiant la délivrance des documents administratifs, carte d’identité nationale, visas et autres à l’entreprise libanaise Al-Madina. Ils craignent que cela ne favorise l’infiltration de personnes dangereuses dans le pays.
Le syndicat autonome des policiers centrafricains n’est passé par quatre chemins pour pointer du doigt le Ministre de la Sécurité publique, Henri Wanzé-Linguissara, d’être à l’origine de cette manœuvre. « Le chef de département a confié la confection de la carte de séjour, de la carte d’identité nationale, des visas, de la déclaration de perte et laisser passer à une société libanaise Al Madina« , a révélé Mathurin Barnabé Lamba, commissaire principal de police et secrétaire général du syndicat autonome des policiers centrafricains lors de leur Assemblée générale samedi le 13 juillet 2019 à Bangui.
Pour ces policiers mécontents, « c’est un manque à gagner pour l’Etat à un moment où le pays traverse une période critique« .
Mathurin Barnabé Lamba a rappelé au chef de département de la Sécurité publique, une des ces récentes déclarations pour justifier l’interdiction d’un meeting de l’opposition. « La dernière fois, le Ministre lui-même a indiqué que les mercenaires sont dans le pays et si on donnait ce droit là à cette société libanaise, il y aura des terroristes qui vont venir et l’Etat n’aura pas main mise sur la gestion de la chose publique« , a prévenu M Lamba.
Face à la faiblesse du pouvoir d’achat des centrafricains, le syndicat autonome des policiers centrafricains estime que le coût de la carte d’identité nationale par exemple a triplé ne favorisant la délivrance. « Une carte d’identité nationale qui coutait 5000 francs Cfa avec 10 ans de validité, la nouvelle société projette la faire délivrer à 15.000 francs Cfa avec une durée de 5 ans« , a lâché le commissaire principal de police.
La question d’augmentation des frais de délivrance de la carte d’identité nationale et autres documents a été l’un des points inscrits à l’ordre du jour de l’Assemblée générale ayant motivé l’idée d’une menace de grève par la police.
Le Département de la Sécurité publique n’a pas encore réagi à cette inquiétude exprimée. Les policiers menacent par ailleurs de rentrer en grève d’ici deux semaines pour exiger l’application financière de leur statut particulier.