Après la tuerie de 46 civils, le 21 mai 2019 dans les villages Koundjili et Lemouna dans l’Ouham-Péndé, Human Right Watch (HRW) met en cause dans un rapport rendu public le 18 juillet, le groupe armé 3R du chef de guerre Abass Sidiki.
Le rapport est intitulé, République Centrafricaine : un groupe armé a tué 46 civils. Dans le document, Human Right Watch qualifie l’acte de crime de guerre. « Les meurtres de ces civils sont des crimes de guerre qui doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies et leurs responsables doivent être traduits en justice », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Le fait que des preuves mettent en cause les 3R et Sidiki, qui ont signé un accord de paix visant à mettre fin à de tels crimes, rend d’autant plus urgente la mise en place d’une enquête rapide et indépendante », a mentionné le rapport.
Les attaques du 21 mai ont eu lieu à peu près en même temps dans la ville de Bohong et dans les villages de Koundjili et Lemouna. Le rapport précise qu’il s’agit d’attaque coordonnée. Plusieurs personnes ayant assisté à une réunion avec Abass Sidiki à Bohong la veille de ces attaques ont affirmé à Human Rights Watch que le chef rebelle avait, lors de cette réunion, menacé de mener des attaques contre des civils. Au cours de cette rencontre de Bohong entre les représentants du groupe 3R et les autorités locales, les participants ont entendu des coups de feu tirés de loin, ignorant les auteurs et les mobiles.
Les personnes interrogées ont déclaré que Sidiki était remonté après avoir appris que certains participants au rendez-vous de Bohong ont supposé que les coups de feu avaient été tirés par des combattants de 3R. Sous l’effet de la colère, le chef de guerre a promis s’attaquer à la population et installer sa base dans le village. « Je suis venu ici en paix mais c’est vous, peuple de Bohong, qui avez déclaré la guerre. Maintenant, je vais vous montrer comment manier les armes », a raconté un responsable local qui participait à cette réunion cité dans le rapport. L’assaut des combattants du groupe 3R ne s’est fait attendre après la déclaration du chef de fil.
Le 24 mai, Sidiki a remis aux autorités locales et à la Minusca trois hommes présumés responsables des meurtres perpétrés à Koundjili et à Lemouna. Ceux-ci sont détenus dans les locaux des Forces de sécurité intérieure à Bangui dans l’attente de leur procès. Pour Human Right Watch, le Gouvernement de Firmin Ngrébada ne devrait pas accepter le fait que Sidiki ait été exonère, en tant que responsable de ce groupe rebelle, après avoir livré ces présumés auteurs.
« Si les garants de l’accord de paix entendent réellement mettre fin aux crimes de guerre, ils doivent montrer à Sidiki, ainsi qu’à toutes les parties, qu’ils seront tenus pleinement responsables de leurs actes », a déclaré Lewis Mudge.
Par ailleurs, Human Rights Watch déclare que la Minusca devrait revoir ses protocoles opérationnels pour s’assurer que la protection des civils soit maximisée.