Les avocats de la défense se sont indignés ce 19 septembre 2019 devant les juges de la Cour pénale internationale à l’ouverture de l’audience de confirmation des charges dans l’affaire le Procureur contre Alfred Yékatom Rombhot et Edouard Patrice Ngaïssona. Ils ont déploré ce qu’ils qualifient de vices de procédure.
A la reprise de l’audience ce jeudi à 14 heures, la défense de Alfred Yékatom Rombhot a montré son indignation devant les juges dans la procédure entamée par l’accusation en ce qui concerne les preuves.
« L’objectif de la confirmation des charges, c’est que la défense devienne partie entière. Elle doit pouvoir exercer son rôle. La défense de pouvoir contester la preuve, elle doit pouvoir soulever les contradictions, présenter des éléments de preuve« , a relevé Me Milène Dimitri du collectif des avocats de Yékatom.
« Je présente comment les éléments de preuve si je n’arrive pas à connaitre le nom des victimes ou le nom des témoins clés« , a regretté Me Dimitri estimant que l’accusation fournit les informations à la défense, mais « pas au public« .
Selon Me Milène Dimitri, le bureau du Procureur a prouvé son incapacité de mener ce procès dans l’équité. Pour la défense de Yékatom, l’absence des Séléka dans cette audience constitue un acte à regretter. « Le Procureur utilise l’absence des Séléka, son incapacité à arrêter les Séléka, alors qu’en 2014 elle avait déjà des informations à l’effet que les Séléka avaient commis des crimes« , a relevé Me Dimitri ajoutant que « l’accusation utilise l’absence de la Séléka pour cacher de l’information à la défense« .
Le bureau du Procureur, présidé par le premier substitut, le magistrat Kweku Vanderpuye, a répliqué pour indiquer que la Chambre avait déjà tranché sur le point soulevé par la défense de Yékatom. Selon Mr Kweku Vanderpuye, l’accusation a présenté plusieurs éléments de preuve à charge entre autres des images, des documents essentiels et des vidéos pour attester que Patrice Edouard Ngaïssona à bel et bien coordonné le mouvement Antibalaka dès sa naissance.
A en croire l’accusation, ce travail a été effectué en collaboration avec l’ancien Chef de l’Etat, François Bozizé Yangouvonda pour planifier des attaques sur la population civile et reprendre le pouvoir pris par la Séléka.
Concernant Yékatom, l’accusation a projeté une vidéo présentant le suspect dans une tenue militaire en train d’accorder une interview. Elle a aussi noté que les suspects ont représenté à plusieurs reprises le mouvement Antibalaka dans des réunions de haut niveau. Une preuve attestant leur responsabilité de tous les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par leurs éléments sur la population civile.
L’audience suspendue ce 19 septembre à 16h 37 mn, va reprendre vendredi 20 toujours avec la suite de l’intervention du bureau du Procureur.