Les militants du Front Uni pour la Défense de la Nation « Ë Zîngo Bîanî » ont marché ce 30 septembre à Bangui pour insister sur les 12 revendications du mouvement et remettre par la même occasion aux autorités nationales et à la communauté internationale un mémorandum de sortie de crise.
Plus de 2000 personnes ont marché selon les organisateurs, malgré les intimidations et les appels au boycott. Les manifestants venus des quatre coins de la capitale, ont entamé la marche à 9h 00, Place des Nations Unies pour se diriger vers le centre-ville. Ils ont été encadrés par des Forces de l’ordre national et international appuyés par les blindés de la Minusca. Chaque organisation membre de cette plateforme a scandé son effigie.
« Malgré les menaces qui ont circulé pendant deux jours, il y a eu une mobilisation. On s’approche de plus de 2000 personnes cela veut dire que les Centrafricains savent braver les menaces et intimidations politiques » s’est réjouit Gervais Lakosso, coordonnateur de cette plateforme, indiquant que cette marche est pacifique, citoyenne et légale.
Une heure plus tard, la foule arrivée au monument Barthélémy Boganda est priée de rester là. Les organisateurs ont pris un taxi pour aller remettre le mémorandum au représentant du Président de la République, au Président de l’Assemblée Nationale, Laurent Ngon-Baba et au Premier ministre, Firmin Ngrébada.
La marche s’est déroulée dans le calme mais l’itinéraire choisi n’est pas respecté. Pour Gervais Lakosso, l’heure est aux actions citoyennes. « C’est une crise centrafricaine, il faut des initiatives centrafricaines pour la résoudre. Nous proposons cette conférence souveraine qui va être véritablement inclusive« , a-t-il souhaité.
Quant à Teddy Defiobona, coordonnateur du Réseau national de la jeunesse centrafricaine « aujourd’hui, la jeunesse centrafricaine souffre du manque d’emploi et de l’autre côté, on augmente le prix de la délivrance de la Carte nationale d’identité de 4500 francs Cfa à 6500 francs Cfa. Il y a aussi la mise à l’écart de certains membres signataires de l’Accord de Khartoum« , a-t-il regretté.
Dans le mémorandum dont Radio Ndeke Luka a obtenu copie, les membres de ce Front dressent un bilan négatif de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation signé le 6 février 2019 entre le gouvernement et les groupes armés.
« La situation sécuritaire n’a pas changé d’un iota sur le terrain, les barrières érigées par les groupes armés restent actives, les exactions sur les populations se poursuivent, aucun processus sérieux de désarmement des combattants n’est engagé, les groupes armés ont mis à profit le temps de leur légitimation par l’Accord pour se réarmer et recruter », peut-on lire dans leur mémo.
Ë Zîngo Bîanî reste convaincu sur une sortie de crise
Dans le mémorandum remis aux hautes autorités de l’Etat, le Front Uni pour la Défense de la Nation est « convaincu qu’il reste possible avec le concours de tous les Centrafricains et l’appui de la communauté internationale, de sortir de cette double impasse, sécuritaire et politique, et de remettre le pays sur le chemin du redressement ».
« E Zîngo Bîanî » a constaté que ses revendication et propositions n’ont pas été prises en compte par le gouvernement. Conséquence, le document mentionne que « la situation a continué à se détériorer et le risque d’une nouvelle déflagration général oblige à aller au-delà de la demande initiale de mesures ciblées et ponctuelles ».
Quatre mois après sa création, « Ë Zîngo Bîanî » relève que la situation nationale décrite dans les précédentes déclarations est passée « de très préoccupante à pratiquement explosive ». Le Front Uni pour la Défense de la Nation trouve une contradiction avec la propagande présidentielle et gouvernementale qui selon lui, fait croire que « tout va bien », entraînant le pays vers la recrudescence de la crise, « plus dévastatrice qu’auparavant ».
Cette marche est la première action de « Ë Zîngo Bîanî » autorisée par les pouvoirs publics. En mai et juin 2019, une série de manifestation avait été interdite et soldé par des tirs de dissuasion des Forces de sécurité intérieure dans les 6ème et 8ème arrondissements de Bangui.