A un an des prochaines élections groupées en Centrafrique, l’opposition démocratique a mis en place ce 27 novembre 2019 à Bangui une coalition pour faire face à Faustin Archange Touadéra et à son parti le Mouvement Cœurs-Unis (MCU). A l’initiative du chef de file de l’opposition démocratique et président de l’URCA (Union pour le Renouveau Centrafricain), Anicet Georges Dologuélé, tous les partis politiques d’opposition au régime de Bangui se sont réunis pour définir leur stratégie électorale.
Ce contact des leaders de l’opposition politique, la première du genre depuis les dernières élections groupées de 2015-2016, intervient dans un contexte pré-électorale marqué par des suspicions.
« Nous avons parlé de toutes les questions d’actualité et surtout des conditions d’organisation des élections, des inquiétudes qui habitent tous les membres et de la stratégie à mettre en place pour que la démocratie reste une réalité en RCA » a expliqué Crépin Mboli-Goumba, président du Parti Africain pour la Transformation Radicale et Intégrale des Etats (PATRIE) pour qui, cette rencontre de circonstance n’a rien de hasard. Pour lui, « cette démocratie est menacée dans la pratique politique et dans la gouvernance de tous les jours« .
La démocratie est menacée mais comment faire face pour changer les choses ? Bertin Béa, secrétaire général du parti travailliste KNK, crache la stratégie de l’opposition qui est à la fois politique, économique et sociale. « Le KNK se réjouit de cette rencontre regroupant l’opposition démocratique pour que nous puissions échanger sur les scandales financiers et la question électorale » a précisé M. Béa indiquant que « un arrêté a été pris par le Premier ministre pour mettre en place ‘un soi-disant’ comité stratégique. Nous pensons que c’est totalement illégal, arbitraire » avertissant que « c’est une machine à préparer une fraude électorale« . Bertin Béa souligne « qu’ensemble, nous allons rectifier toutes les dérives du régime du Président à l’heure actuelle » estimant que « trop c’est trop« .
Les leaders présents à la rencontre sont ambitieux et ont soif de solliciter le suffrage du peuple. Dans le contexte actuel, Nicolas Tiangaye, président de la Convention Républicaine pour le Progrès Social (CRPS), ne discute pas d’opinions au sujet de l’arrêté du Premier ministre, Firmin Ngrébada. « Ce comité stratégique est illégal. Il viole la loi qui a créé l’Autorité Nationale des Elections. La position des leaders des partis politiques est que l’arrêté qui a été pris par le Premier ministre soit purement et simplement rapporté » a-t-il exigé.
L’idée de la coalition est lancée, mais il faut la formaliser. L’initiateur Anicet Georges Dologuélé, président fondateur de l’Union pour le Renouveau Centrafricain, se félicite du caractère légal qu’aura à prendre cette coalition. « Pour une plateforme, il faut des textes juridiques. Cela va être rédigé avec les modalités de fonctionnement pour qu’on puisse avoir un cadre dans lequel parler du pays » a-t-il fait savoir.
Après la délivrance de l’acte de naissance de cette coalition ce 28 novembre 2019, les élections de 2020 permettront de déterminer son poids politique.
Le MDREC brandit l’ordonnance 058 devant la Cour Constitutionnelle
Le président du parti politique Mouvement Démocratique pour la Renaissance et l’Evolution de Centrafrique (MDREC), Joseph Bendounga, a déposé mercredi 27 novembre un recours au greffe de la Cour Constitutionnelle, brandissant une ordonnance. « Nous déferons l’ordonnance 058 devant la Cour Constitutionnelle et nous attendons une décision qui puisse apaiser le peuple centrafricain« , a lâché M. Bendounga après la saisine de la Cour Constitutionnelle.
Par cette requête, M. Bendounga relève que ce n’est pas par un arrêté qu’on peut nommer les chefs des institutions. « Que ce soit les pouvoirs du Président de la République, du Premier ministre, des membres du gouvernement et de l’administration, tout est régi par la loi. La Cour Constitutionnelle est la garante du fonctionnement des institutions de l’Etat. L’organisation des élections, dans le strict respect du code électoral et des textes juridiques, est la garantie de paix et de sécurité pour la RCA » a précisé l’homme politique au regard des textes en vigueur.
En pleine période post-crise, Joseph Bendounga dit ne pas comprendre « pourquoi le Premier ministre veut créer un comité stratégique pour piloter les élections » ajoutant que « le Premier ministre se croit en période de transition depuis le 30 mars 2016« . Pour Joseph Bendounga, depuis la prestation de serment du Chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra, « ce sont les institutions de la République, dûment établies par la Constitution qui fonctionnent et qui agissent; il n’y a que l’ANE sous le contrôle de la Cour Constitutionnelle » pour organiser et gérer les élections.
Faustin Archange Touadéra brise le silence autour de la création du comité, stratégique
Le Président de la République balaie du revers de la main toute idée de truquage des prochaines élections. Selon Faustin Archange Touadéra dans une interview exclusive accordée à Radio Ndeke Luka ce 27 novembre 2019, la mise en place de ce comité stratégique n’est pas une première en Centrafrique. Son rôle n’est pas de remplacer l’Autorité Nationale des Elections mais de mobiliser des ressources pour l’organisation des élections.
« L’organisation des élections est de la responsabilité du gouvernement avec les institutions de la République notamment l’Autorité Nationale des Elections. Il faut l’accompagner. Quand nous manquons de ressources, c’est le gouvernement qui doit faire. Nous devons mettre tous nos partenaires autour de la table pour nous appuyer » rassure le Président de la République. Il souligne que « ceux qui interviennent dans le dispositif » le font « de la manière la plus transparente« .
L’idée d’après Faustin Archange Touadéra est d’amener les uns et les autres à être au même niveau d’information. « Nous devrions faire en sorte que tout le monde sache ce qui tourne autour des élections. Quelles sont les difficultés ?« .
« Nous sortons de crise, c’est d’éviter tout ce qui peut nous ramener dans des crises ? Ce n’est pas la première fois qu’on le mette en place. Pendant les dernières élections, il y a eu un comité stratégique » ce qui n’empêche pas d’aller à des élections « crédibles et transparentes » selon le Chef de l’Etat Touadéra.