Le suspens n’aura duré qu’un mois. Après l’arrestation de son directeur de cabinet, le ministre délégué aux Affaires étrangères, Chancel Sekodé est placé sous mandat de dépôt depuis le vendredi 03 avril 2020 à la Section des recherches et d’investigations (SRI). Soupçonné dans une affaire présumée de délivrance de faux passeports aux étrangers, il risque une peine de prison en cas d’inculpation par la justice.
Répondant à une convocation du 2ème juge d’instruction, le vendredi 03 avril 2020, le ministre délégué aux Affaires étrangères Chancel Sekodé a été placé sous mandat de dépôt, quelques heures après son audition. La raison évoquée par le juge,des incohérences entre sa déposition et celle de son directeur de cabinet. La décision a entrainé aussitôt, la fermeture de son cabinet sur instruction de la ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo Témon. Cette interpellation intervient quelques jours après le réajustement du gouvernement de Firmin Ngrébada. Equipe dans laquelle, le ministre visé n’est pas relevé de ses fonctions. Le ministère de la justice, par la voix du Directeur général des Services judiciaires donne plus de clarifications sur cette détention. Le magistrat Alain Gbazialé explique que M. Sekodé n’est pas gardé à vue mais placé sous mandat de dépôt à la Section de Recherche et d’Investigation (SRI).
« Une enquête a été ouverte suite à la découverte d’un faux passeport diplomatique. Suite à cela, le Parquet a saisi le juge d’instruction en vue de l’ouverture d’une information. Il se trouve qu’au cours de l’instruction, la nécessité d’auditionner le ministre Sékodé s’est fait sentir. Et, le juge d’instruction conformément à la Loi, a demandé l’autorisation de comparution du ministre Sékodé ce, en vertu de l’article 257 du Code de procédure pénal centrafricain » a fait M. Gbazialé.
En effet, cette affaire fait le buzz sur les réseaux sociaux et dans le milieu politique. Beaucoup sont ceux qui s’interrogent sur cette procédure d’interpellation en justice d’un membre du gouvernement encore en fonction.
« Le code de procédure pénal centrafricain en son article 257 dispose que le Premier ministre et les autres membres du gouvernement ne peuvent comparaitre comme témoins, qu’après autorisation du Conseil des ministres sur le rapport du ministre de la Justice, Garde des sceaux. Cette autorisation est donnée par décret. Et donc après l’autorisation dûment donnée par décret, le ministre Sékodé a été entendu puis placé en détention par ordonnance », a expliqué Alain Gbazialé, Directeur général des Services judiciaires.
Toutefois, si Chancel Sékodé nie les faits qui lui sont reprochés, plusieurs éléments de l’enquête en cours sont évocateurs d’un réseau qui n’épargne pas le cabinet de la ministre des Affaires Etrangères Sylvie Baïpo Témon, responsable des services habiletés de délivrance des passeports diplomatiques.
L’entrée en jeu de la justice permet également d’élucider les rapports avec Dantism Shahram, le ressortissant iranien au passeport querellé. Lui qui a été nommé chargé de la Recherche des Finances pour la République centrafricaine par une organisation dénommée « Notre Amour pour l’Afrique ».
Il sied de savoir qu’une instruction est couverte par le secret. Et donc à ce stade de procédure, aucune information supplémentaire ne peut être communiquée. Cependant, c’est l’issue de l’information qui déterminera la suite de la procédure. Si au sortir de l’information, aucune charge ne pèse contre lui, le juge d’instruction peut rendre une ordonnance de non-lieu. Dans le cas contraire, l’intéressé sera jugé devant une juridiction de renvoi.
Cet épisode vient une fois de plus ternir l’image du gouvernement, plusieurs fois accusé de corruption, de favoritisme et de détournements des deniers publics.