Les leaders de la société civile s’inquiètent des nouvelles faisant état d’une initiative en cours à l’Assemblée nationale visant à proroger le mandat du chef de l’Etat Faustin Archange Touadera et à autoriser l’instauration d’un Etat d’urgence. Ces mesures seraient justifiées par la pandémie de Covid-19 qui continue de bouleverser l’ordre social à travers le monde.
Pour en savoir davantage sur ces deux initiatives et monter ouvertement leur position, certains leaders de la société civile ont rencontré ce jeudi 9 avril, le président de l’Assemblée nationale, El Hadj Moussa Laurent Gon Baba. Sur le premier point qui est l’idée de la prorogation du mandat du président de la République et des députés, une pétition mise en circulation aurait déjà recueillie plus de cent signatures des parlementaires. Une initiative jugée infondée et dangereuse par la société civile.
« Les dispositions de la Constitution du 30 mars 2016 sont claires et n’autorisent pas les députés à prendre une telle initiative pour proroger le mandat du chef de l’Etat. Et si la pandémie du Covid-19 rend impossible l’organisation des élections, à partir de ce moment, c’est un consensus et non une pétition comme celle qu’on voit et qui a déjà recueilli des signatures » a fait savoir Gervais Lakosso, chef de cette délégation au sortir de l’entrevue avec le président de l’Assemblée nationale.
Le second point tout de même préoccupant selon la société civile, est la position favorable du parlement concernant l’instauration d’un état d’urgence pour permettre aux autorités de faire face efficacement à la pandémie de Coronavirus. Cette mesure bien qu’ autorisée par la constitution centrafricaine suscite malgré tout, l’inquiétude des leaders de la société. Ces derniers disent craindre » un dérapage pouvant conduire à une dérive dictatoriale ». Il formulent ainsi le voeu que cette décision reste strictement sanitaire et non extensive.
« Le président de l’Assemblée nous a fait savoir que l’institution a donné son quitus en faveur de l’état d’urgence en vue de lutter contre le coronavirus. Mais nous en avons vu dans certains pays où les gouvernants utilisent cette option à des fins politiques. Nous disons que cela doit rester exclusivement sanitaire et ne doit pas découler sur des dérives totalitaires » a prévenu Gervais Lakosso.
L’inquiétude de la société civile soulève la question de fond sur la possibilité de l’organisation des prochaines élections nationales dans le délai constitutionnel dans ce contexte de Covid-19 encore non maitrisable à travers le monde.