Plus de deux mois après la mise en place, par les autorités centrafricaines, des mesures de restriction et limitation d’activités en vue de contenir la propagation du Covid-19, certaines entreprises sont menacées de fermeture. A Bangui, l’hôtel du centre, entreprise paraétatique n’arrive plus à fonctionner normalement. Le personnel accumule déjà 3 mois d’arriérés de salaire, les chambres sont vides. Une situation alarmante.
Depuis la mise en place par le gouvernement centrafricain des dispositions sanitaires pour lutter contre la pandémie de coronavirus, plusieurs entreprises, pour la plupart privées, sont au bord du gouffre. L’hôtel du centre, une des rares structures hôtelières du pays, géré par l’Etat centrafricain, connait d’énormes difficultés financières suite à ces mesures de restriction. Sur les 70 chambres que compte cet établissement, seules 3 sont occupées par les clients. Une situation qui bouleverse tout, même le social des employés qui totalisent déjà 3 mois d’arriérés de salaires.
« Nous accumulons déjà un retard de salaire de trois mois. Nous demandons au gouvernement de venir voir ce qui se passe à l’hôtel du centre. Nous avons l’impression d’être les cobayes du Covid-19. C’est comme si l’Etat nous a sacrifiés face à la pandémie. Nous avons une situation financière, au niveau du ministère des finances, qui doit être transférée au Trésor public. Jusque-là, on détient aucune information favorable » déplore un employé de l’hôtel.
Avec 3 mois sans salaire, c’est toute la famille qui est affectée. Plusieurs agents rencontrés affirment avoir des difficultés pour s’occuper de leurs foyers.
« J’ai de la peine à nourrir ma famille sans revenu. C’est trop difficile. On vient à pieds, on rentre à pieds. Nos enfants qui étaient habitués à manger tous les jours, n’arrivent plus à manger convenablement. Certains de nos collègues qui habitent au Pk12, arrivent au travail à pieds » ajoute un autre employé.
Visiblement, l’hôtel du centre est au bord de la faillite. Ses finances ne lui permettent pas de faire face à ses charges habituelles. Le gouvernement centrafricain lui doit plusieurs dizaines de millions de francs CFA pour le logement de certains ministres et membres des groupes armés.
« De hautes personnalités de ce pays ne règlent pas leurs factures. Nous avons cinq ministres ici. Ils doivent, logiquement, régler leurs factures. Le gouvernement ne nous a pas donné une mesure d’accompagnement pour faire face à cette situation » se plaint un autre employé.
Ajouter à cet état de précarité financière, le délabrement du bâtiment, admirable à l’extérieur mais un peu dégradant à l’intérieur. D’autres sources affirment même que certains ministres qui ne résident plus à l’hôtel, gardent toujours les clés de leurs chambres pour des passe-temps ou pour servir de dortoir à leurs enfants.
Contacté par Radio Ndeke Luka, le Directeur général s’est réservé de tout commentaire, justifiant brièvement cette situation par la fermeture de l’aéroport Bangui-Mpoko en raison de la pandémie de Covid-19.