Les députés ont renvoyé sine die ce 9 juillet 2020 le rapport de la commission sur le projet de loi portant la liberté de la Communication en Centrafrique. Selon les élus de la Nation, « le projet de loi du gouvernement est trop liberticide ».
C’est un revers pour le gouvernement qui n’a pas pu faire passer la loi sur la liberté de la presse. Aussitôt après la présentation du rapport de la commission Equipement et Communication sur le projet de loi soumis à l’approbation des élus, deux députés à savoir Béatrice Emilie Epaye de Markounda et Achille Laurent Bangué Bétangaye de Nana Bakassa ont trouvé « liberticide » le projet de loi et ont bouté en touche le document, engageant le gouvernement à revoir sa copie.
Le ministre de la Communication Ange Maxime Kazagui défenseur de cette loi parle d’un instrument juridique important pour réglementer la couverture médiatique des élections.
« Nous avons élaboré de commun accord avec le Haut Conseil de Communication (HCC) cette loi qui est instrument pouvant réglementer la période électorale » a-t-il soutenu.
Cependant, la députée Béatrice Emilie Epaye qui n’est pas de cet avis appelle à la prudence. « On parle de la liberté de la communication, mais cette liberté de la communication doit influer la liberté de la presse. On parle dans le texte des sanctions, il ne faut pas qu’on dérape, car c’est un texte très important et il y va de la vie des gens. On a vu combien de reporters et journalistes mourir dans les prisons » a-t-elle prévenu.
Un autre grief, la délivrance de la carte de presse par le département de la Communication. Une faute politique selon Aurélien Simplice Zingas, député de Mobaye 1.
Dans sa prise de parole, l’ancien président de l’Assemblée nationale Abdou Karim Meckassoua engage le gouvernement à rendre un hommage mérité à la presse.
« Depuis la suppression de la maison de la presse, l’assassinat de Camille Lepage, tout ça est lié au problème d’information. C’est l’occasion de leur rendre hommage à travers cette loi » a-t-il indiqué.
Les professionnels des médias se félicitent de la vigilance des élus. Cyrus Emmanuel Sandy, directeur de publication du quotidien Médias+ salue le courage des élus et indique que l’initiative de la loi revient concurremment au gouvernement et aux parlementaires. « Il est hors de question de dire que c’est le Haut Conseil de Communication qui a initié la loi », a-t-il fait savoir avant de lancer dans un manifeste, l’idée de rassembler tous les professionnels pour corriger les erreurs contenus dans le projet de loi du gouvernement.
En Centrafrique, la loi sur la liberté de la communication est régie par l’ordonnance 005 du 22 février 2005. Laquelle loi est aujourd’hui obsolète au regard du développement des médias et de son environnement.